J’ai découvert le vol un soir d’été à Pont sur Yonne, mon copain Cyril m’avait harnaché à l’arrière de son machin jaune avec des grosses roues, suspendu à une aile delta.
J’ai découvert le pilotage à Persan Beaumont quelque semaines plus tard, chez Air Plaisir. Mon instructeur Alain Dumetier m’a initié au palier d’accélération, au virage glissé, à la PTU bien serré et toutes les figures imposées au pilote en devenir.
A 30 balais, la progression est rapide et je n’ai pas traîné à faire mes premières navigations.
Pourtant il m’a fallu attendre le 7 mai de l’année suivante pour découvrir vraiment le monde de l’ULM.
Le proverbe dit: « En mai fait ce qu’il te plaît! » je m’étais donc mis en tête de faire un petit tour de France dès l’arrivée des beaux jours. J’avais cette fois-ci réussi à embarquer avec moi ma petite femme, fidèle partenaire, mais dotée d’un goût modéré pour mes élucubrations aériennes.
Quand on débute, chaque navigation est une aventure. Lors de ce voyage, la météo fut tellement capricieuse et la navigation si hasardeuse que je peux m’estimer heureux que mon couple n’ait pas volé en éclats…
Le bivouac sous l’aile, les orages à répétition avaient attaqué un peu le moral des troupes
Alors que nous remontions la vallée du Rhône (face au vent), en slalomant entre les grains, la décision fût prise de se dérouter vers Mably, un belle piste de 500m bordant le canal de Roanne.
C’était vraiment la fin de journée, le Mistral avait soufflé fort dans nos bras, on avait bien dégusté. C’est donc un peu hagards que nous avons posé les roues du DTA voyageur sur la piste herbeuse de Roanne – Mably.
Malgré l’heure plutôt tardive, il y avait du monde sur la base. Les machines étaient encore dehors, les pilotes locaux finissaient un ou deux baptêmes.
Ici, l’accueil est d’une grande simplicité, la gentillesse est naturelle. Je rencontre pour la première fois Gilles Crottier-Combe, le président des Ailes du Merlin.
“la base ULM de Mably accueille le Grand Prix de France en août 2023”
On nous propose de nous ravitailler en essence (ce que nous faisons) et on nous offre un verre et une part de brioche.
Je n’ai plus vraiment le souvenir du sujet de la conversation, je sais juste qu’on se sentait bien au milieu de ces visages amicaux. Ça aurait pu durer des heures mais la nuit est vite tombée…
Ce soir là nous n’eûmes pas besoin de planter la tente, Gilles nous avait ouvert les portes du club house.
Allongés sur notre matelas gonflable, blottis dans nos sacs de couchage, et bercés par la bienveillance de notre nouvelle famille, j’ai glissé à Charlène:
« Tu vois, c’est ça le monde de l’ULM… »
Je me souviens m’être endormi avec un léger sourire aux lèvres, rassuré sur la nature de l’Homme.
Il y a du bon dans ces petites bases ULM…