Bon, le sujet est casse-gueule et je le savais bien avant de taper les lignes qui vont suivre. Et pourtant nous y sommes déjà. Je ne veux pas, ici, me faire l’avocat du diable, mes motivations sont toutes autres. Commencer par dépassionner le débat, prendre du recul sur le sujet, le rendre plus léger (et c’est de circonstance) m’a semblé salvateur. Vous pouvez lire ici-bas, dans la presse ou sur le net moult articles (souvent à charge il faut bien le dire) sur la transition énergétique. Le terme transition d’ailleurs n’est pas pertinent. L’histoire des énergies ne répond pas à une logique de substitution, comme le laisse croire l’idée de transition, c’est-à-dire de remplacement de l’une par l’autre. Au contraire, les énergies sont étroitement intriquées et fonctionnent en symbiose (bon, je vais être honnête, la définition je l’ai trouvée sur le web mais le propos reste juste).
Oui, le sujet engendre des crispations avec tonton Roger au repas de famille (on en a tous un) qui de toute façon ne connaît rien sur l’énergie et sa fabrication mais qui est contre par principe. Allez tais-toi et fais péter une roteuse !!! Et, désolé de l’écrire, mais chez les pilotes ulm, souvent, ça ne vole pas très haut non plus. L’aviation, au sens le plus large, a toujours été tournée vers l’avenir, l’innovation et l’efficience. Suis-je le plus légitime pour en parler ? Je n’en sais rien. Ce que je sais c’est que j’ai lu beaucoup d’articles sur le sujet, visualisé des dizaines d’heures de vidéos avec des spécialistes de l’énergie, pesé le pour et le contre parce que ça m’intéresse et que je trouve ça passionnant. Vous voulez une réponse simple ? Il n’y en a pas. Comme beaucoup de choses dans la vie.
A l’heure où je parle, des nouvelles technologies sont à l’étude, des batteries à protons à celles au sodium et nul doute que les curseurs vont se déplacer en termes d’autonomie, d’extraction, du respect des ressources, de sécurité et de recyclage efficace et moins énergivore (même si les batteries des voitures sont déjà recyclées à environ 90%). Dans notre “mouvement”, le paramoteur, l’aérostat et le pendulaire ont déjà commencé à prendre le virage. Alors attention, avant de me mettre au bûcher, j’ai aussi des doutes. Bah oui, car il faut de la logistique pour tout ça (en production et installations). A l’heure actuelle, la seule énergie capable de fournir cette puissance est le nucléaire, et ce n’est pas une opinion mais un fait scientifique et il faudra un parc bien plus fourni pour encaisser la demande. Malheureusement l’hexagone a pris beaucoup de retard sur le dossier. La technologie « renouvelable » ne sera pas suffisante, son rendement étant largement moindre.
Pour la classe 3, (et pour l’instant) le poids de la batterie et son autonomie limitent son utilisation pour l’instruction, le baptême ou du vol local. Et pourtant l’ulm pourrait se prêter à cette reconversion en raison de sa faible masse, reste à trouver le bon équilibre poids/puissance. Pour ce qui est de l’hydrogène “vert”, gaz produit par électrolyse, nous n’y sommes pas encore. Il faudra relever de nombreux défis : stockage, acheminement et lourds investissements financiers.
Pour celles et ceux qui n’ont pas encore intégré cet axiome, la Terre et ses ressources fossiles sont limitées. Il ne peut y avoir de croissance infinie dans un monde fini. Peu importe l’échéance, le pétrole finira par manquer. L’extraire demandera toujours plus d’efforts avec un coût qui deviendra exponentiel. Je vous laisse imaginer un bon film de SF dystopique sur la problématique, il y a de quoi faire les enfants. Regardez autour de vous dans votre maison, vos vêtements, votre hangar, votre atelier ULM, votre appareil !!!, le plus gros, l’essentiel est produit par l’or noir. Notre société est basée sur le pétrole. Un pari sur le long terme qui sera sans nul doute perdant.
Quel sera l’avenir de l’électrique ? Je ne sais pas, le doute m’habite (non ce n’est pas un gros mot). Peut-être que l’humanité ne réagira qu’au pied du mur (et c’est au pied du mur que l’on voit mieux le mur). Sans anticipation d’une décroissance inéluctable, les générations futures vont en subir brutalement les effets. Vous l’avez compris, cela va bien au-delà de notre vision égoïste et inconsciente du loisir ultra-léger. Oui notre impact carbone est bien moindre face aux trafics de l’aviation de masse, du maritime et même du numérique. Mais il existe aussi la pollution qui bousille nos poumons et nous file le crabe de manière indicible. Admettre et assumer le doute est le début de la sagesse et non pas un manque de caractère. D’ailleurs cette décroissance me fait penser que l’avenir de l’ulm ressemblera peut-être à des petits appareils, construits avec des matières recyclables et moins énergivores. La question qu’il faut se poser est : aurons-nous cette intelligence collective pour relever tous ces défis ? L’avenir nous le dira…