Il nous aura fallu nous y reprendre à deux fois. Deux voyages, deux traversées de la France, direction Mauléon, fief de Jean-Pascal Wipft, pilote et instructeur. Tout ça pour enfin poser nos mains sur un Topaz KR-030SW, la dernière évolution de l’ULM signé Ekolot.
La première tentative ? Le brouillard nous a coupé l’herbe sous le pied. Un véritable mur de coton qui nous a cloués au sol avant même de pouvoir effectuer un vol d’essai. Nous en avons donc profité pour disséquer la machine sous toutes ses coutures. Et Dieu sait qu’il y avait de quoi s’occuper.
Enfin, après une semaine passée à scruter les cartes météo, Ludo, notre pilote d’essai, a pu grimper à bord de cette machine providentielle. Il était temps d’en avoir le cœur net : le Topaz KR-030SW est-il à la hauteur de ses promesses ?

Une conception robuste, un design soigné
Le Topaz KR-030SW est un ULM biplace côte à côte, doté d’une aile haute sans haubans et d’un train tricycle fixe. Jusque-là, rien de révolutionnaire. Sauf qu’ici, le longeron d’aile est unique, et il permet à la structure d’encaisser jusqu’à 9G. Une donnée impressionnante qui témoigne d’une ingénierie bien pensée, même si, heureusement, cela reste sur le papier pour la majorité des pilotes.
L’intérieur est relativement spacieux pour un ULM, avec une largeur de 1,2 m. La verrière teintée filtre bien la lumière, et la ventilation est efficace, évitant l’effet « four solaire » des cabines mal conçues.
En revanche, les montants de la cabine, assez imposants, limitent la visibilité en vol, surtout lors des approches ou des virages serrés.

Motorisation : l’efficacité du Rotax 912iS
Notre machine d’essai est équipée du Rotax 912iS, une version injection qui se distingue des versions à carburateur par :
✔️ Une gestion électronique plus fine du carburant
✔️ Une consommation réduite
✔️ Un moteur plus souple et plus linéaire
Performances relevées en vol :
✅ Puissance : 100 chevaux
✅ Vitesse de croisière 4800 rpm : 205 km/h
✅ Vitesse 5200 rpm : 220 km/h
✅ Vitesse de décrochage : 65 km/h
✅ Taux de montée : 6 m/s
Rien d’extravagant, mais une motorisation efficace et moderne, qui participe au confort général du vol.

En vol : un comportement sain, mais quelques détails qui fâchent
À l’embarquement, le joystick central facilite l’accès à bord… mais une fois en vol, il ne fait pas l’unanimité. D’un côté, il permet une bonne réactivité, mais son ergonomie, qui regroupe de nombreuses fonctionnalités, demande un temps d’adaptation.

Habituellement dans cette gamme de machine, les véritables doubles commandes sont la norme, mais avec son manche central unique, le Topaz KR-030SW fait exception. Ce choix peut surprendre et compliquer certaines phases d’apprentissage ou d’instruction.
Au roulage, pas de surprise, la direction est précise et le train absorbe bien les imperfections du sol. Le décollage est rapide et propre, avec une montée franche à 6 m/s.

En croisière, le Topaz est stable, mais l’absence de haubans et la légèreté de l’appareil le rendent un peu sensible aux turbulences. Les commandes sont agréables, ni trop dures, ni trop molles, et la vitesse de croisière permet de couvrir une belle distance sans trop consommer.
Lors de l’approche et de l’atterrissage, la machine reste prévisible, mais la vitesse de décrochage de 65 km/h demande de bien gérer l’arrondi pour éviter toute surprise en finale.
Petit point noir relevé par l’équipage : un bruit persistant de la pompe électrique dans les casques, qui vient légèrement gâcher le bon niveau d’isolation phonique de la cabine. Rien de dramatique, mais assez agaçant sur les vols longs.

Le Topaz KR-030SW coche de nombreuses cases : une conception robuste, un moteur moderne, une consommation réduite et des performances correctes.
Bref, une machine intéressante, plutôt haut de gamme, mais qui n’a pas vocation à plaire à tout le monde.
Pour en savoir plus, je vous invite à regarder l’essai filmé par notre équipe.