A propos de L'auteur

Maman a la tête en l’air..

L’aventure débute le 6 août 2009. Je suis alors en vacances en famille dans les Pyrénées. Ce jour là, mes enfants me demandent d’enfiler une paire de baskets et de prendre un vêtement coupe-vent. Ils ne veulent pas m’en dire plus (c’est un secret avec leur papa). Nous prenons la route et quelques kilomètres plus loin nous nous arrêtons dans un minuscule village où une maison arbore un panneau publicitaire pour des baptêmes en parapente. Rien de plus normal me direz-vous, la région est plutôt propice à ce type d’activité.

Je ressens cependant une étrange sensation… est-ce cela la surprise ? Un mélange de stress et d’excitation commence à surgir. C’est bien cela ? Je vais faire un baptême en parapente ? Non …Ce n’est pas pour moi. Me jeter dans le vide sous un bout de chiffon auquel sont fixées quelques ficelles ? Jamais de la vie. J’aime les sensations mais pas au point de mettre ma vie en péril ! 

Cependant, cette pratique aiguise ma curiosité. Et puis d’abord,  il est trop tard pour faire demi-tour. Je suis là, face à une femme qui commence à me raconter une histoire de bocaux… mais où suis-je tombée ? Mon cerveau fonctionne à cent à l’heure. Je me vois déjà rater le décollage et dévaler la montagne… En parallèle, cette femme poursuit son récit : « ..tu as deux bocaux devant toi. L’un contient la peur, l’autre l’excitation. Si celui qui contient la peur est le plus plein, mieux vaut renoncer à ce vol. Par contre si c’est le contraire, alors fonce. Tu ne le regretteras pas !… ». Ma réponse fût sans appel : j’y vais ! Je prends place dans le 4×4 qui nous conduit vers le spot. Sur place, il est facile de reconnaître les habitués… et ceux qui le sont moins. Je ne sais pas pourquoi mais le langage non verbal est très révélateur.

Pierre, avec qui je vais faire mon baptême, prépare minutieusement sa voile. Je l’aurais bien aidé mais il a l’air de bien connaître le sujet et je ne voudrais pas le déconcentrer dans le démêlage de tout ces bouts de ficelle (finalement à regarder de plus près il y en a pas mal)..

Le grand moment est arrivé. Il m’équipe de la sellette, fixe les élévateurs, me donne les dernières consignes pour la course d’élan et c’est parti !

Le reste ne fût qu’un pur bonheur : le paysage qui défile sous mes pieds, le sifflement du vent dans les suspentes, le chant du vario, les rapaces que je pourrais presque toucher… Le stress ? Pffft… envolé !

Nous atterrissons dans la vallée une demi-heure plus tard. Pierre me demande comment je me sens mais je ne l’entends pas . Je suis physiquement sur terre mais mes pensées poursuivent cette expérience aérienne que je ne suis pas prête d’oublier.

Randonnées, visites, rencontres, ponctuent ces vacances dont la fin approche. Cependant une idée ne me quitte plus : faire un 2ème vol avant de regagner le plancher des vaches ligériennes. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Ce vol est aussi magique que le premier. C’est Ludovic, instructeur, qui est aux commandes. Passionné et pédagogue, il me partage de multiples informations qui maintenant me sont un peu plus familières (brise de pente, thermiques, arrondi…). Quarante cinq minutes plus tard, nous nous posons comme des fleurs. Je vais devoir aller consulter un ORL car j’ai le même problème auditif arrivée au sol !

De retour en Loire-Atlantique, la vie reprend son cours. Mes enfants rapportent de l’école des dessins de leur maman accrochée à un parachute, alors que leurs petits copains reviennent avec des chefs d’œuvre représentant une maman en train de préparer de bons petits plats…

L’envie de pouvoir voler de nouveau ne me quitte plus. Où faire du parapente ? Les montagnes sont loin et il faut que je puisse poser plusieurs jours de congés, sans avoir la certitude que la météo sera favorable. 

Je commence donc mes recherches sur internet, ce qui n’échappe pas à mes enfants qui s’amusent à me répéter « maman tu as la tête en l’air »…. Soudain je lis : école de paramoteur à St Georges Montaigu. Qu’est ce que c’est que cette machine ?! Ni une, ni deux, je me rends à l’adresse indiquée. Un hangar est ouvert. Je me faufile entre des drôles d’engins ressemblant à des chaises en tissu, certaines sur roues, avec une hélice camouflée derrière un filet. Je rencontre Bernard, instructeur, qui me présente ces étranges machines appelées « paramoteur » et qui m’explique le déroulé pour pouvoir un jour voler de ses propres ailes.

Quinze jours plus tard, je débutais la formation pour passer mon brevet de pilote paramoteur. Gonflage… gonflage… et encore gonflage.. puis vient le jour où l’instructeur te dis « je vais t’envoyer en l’air » ! Oups ! Déjà ?

Je m’en souviens comme si c’était hier. Vendredi 23 octobre 2009, il fait beau et chaud. Je mets le moteur sur le dos. Qu’il est lourd ! Pré vol faite, moteur allumé, radio OK. Go ! Je prends mon élan, je temporise ma voile, je presse la poignée des gaz et j’entends « Isa, redresse-toi ! »… Je n’ai pas le temps de réagir, je viens d’embrasser l’herbe bien verte ! 

Deuxième tentative, je m’applique, j’y mets toute mon énergie. Mais il y a comme un écho dans les headsets qui me dit « Isa redresse toi ! ». Qu’elle est bonne cette herbe !

Troisième tentative (il faut que j’y arrive car le moteur a pris du poids depuis tout à l’heure et la honte) « C’est bien. Vas-y plein gaz ». Je vole.. certes pas trop fière tout de même car je suis toute seule à bord cette fois-ci mais quel bonheur ! Après quelques évolutions j’entends « Isa si tu veux te poser tu fais un virage à gauche, sinon fait un virage à droite ». Je vous laisse deviner ma réponse.

Les années ont passé. Le paramoteur m’a permis de découvrir des paysages somptueux, de faire des rencontres magnifiques, d’être confrontée à des situations rocambolesques, de prendre de la « hauteur » dans des moments de vie difficiles. 

2023 : un nouveau tournant. Fin 2022, mon compagnon, également pilote paramoteur, débute sa formation pour passer le brevet de pilote autogire. Je me dis que ça va être fantastique : voler plus vite, donc plus loin ce qui veut dire découvrir de nouveaux horizons, faire de nouvelles rencontres. Je me vois déjà en place arrière. 

L’hiver étant pluvieux il faut occuper les soirées. Je commence donc à mettre le nez dans ses livres sur le pilotage autogire, la phraséologie, etc… Plus je lis, plus je m’y intéresse, au point que l’idée de piloter un jour un autogire m’effleure l’esprit.

Mais non, ce n’est pas dans mes projets, ni dans mes priorités. Toutefois, j’apprends dans les mêmes moments, que l’instructeur autogire va cesser son activité en fin d’année. Tout va alors très vite.. Je vais le voir pour savoir s’il accepte encore de nouveaux élèves.

Je devais être la dernière (finalement je serai l’avant dernière). Je débute la formation fin janvier. J’enchaîne les cours pour réussir, enfin, au bout d’une dizaine d’heures, à dompter cette fichue roue avant ! Le travail se poursuit : autorotation, pannes moteur, palier bas…. Je suis lâchée solo mi-juin et quelques mois plus tard l’emport passager est validé.

En conclusion.. Que vous ayez 20 ou 50 ans, que vous soyez douée en mécanique ou encore en pleine lecture de « la mécanique pour les nuls », si vous avez cette petite voix qui vous dit que vous aimeriez bien voler au moins une fois.. juste pour voir… alors foncez ! Vous ne verrez plus jamais de la même manière, ce qui vous entoure. Il ne se passera plus un jour où vous n’aurez pas le regard tourné vers le ciel.