Thibaut a 35 ans. Autant dire un p’tit jeune dans une moyenne d’âge des pilotes qui doit approcher facilement les 60 ans. C’est pourquoi nous avons voulu lui poser quelques questions et avoir son avis sur le monde de l’ULM.
Salut Thibault, pourrais-tu te présenter brièvement pour les lecteurs de la gazette ?
Holà la compagnie du ciel ! Tout d’abord bonne année pleine d’émerveillement et de projets à tous, qui, je l’espère sera propice aux rassemblements entre passionnés de l’ULM qui gardent le cœur et l’esprit vif ! Pour la petite présentation, âgé de 35 ans, je suis pilote pendulaire depuis 3 ans basé à Cestas LF3354 entre Bordeaux et le bassin d’Arcachon ! Viendez ! Petit club au grand cœur ! Je vis dans la région depuis 2 ans donc avide de continuer à découvrir par les cieux ce joli coin de l’hexagone !
Comment as-tu connu le monde de l’ULM ? Quel est ton parcours ?
J’ai découvert l’ULM en rencontrant un pote autour d’un projet humanitaire qui venait d’acheter un 3 axes, un zlin savage. Il devait faire des modifications pour l’adapter à son handicap. Son appareil basé à Darois, j’ai débarqué comme un touriste pour lui filer un coup de main naïvement dans ce milieu qui m’a tendu les bras grand ouverts par le biais d’un ami maintenant, Alexis, pilote téméraire et expérimenté en pendulaire. Il m’a raconté beaucoup de soirées, d’anecdotes dans ce milieu aéronautique. Je n’étais pas ce passionné, rêveur depuis l’enfance de l’aviation. C’était pour moi un truc un peu inaccessible, une mauvaise représentation que mon pote a pris plaisir à bien casser ! Saut de l’ange dans le milieu ! Je suis propriétaire d’ un pendulaire DTA feeling 582, 6 mois de maintenance. Puis 6 mois d’apprentissage sur ma machine en double commande. Le pied ! J’ai tout appris pour rêver d’aventure par la suite …ne pas rester dans le bocal !
Quels sont les aspects de l’ULM qui te plaisent et ceux qui te dérangent ?
L’ULM est un milieu de passionnés, de pilotes aguerris qui ont moult expériences et conseils à transmettre. L’ULM reste et doit rester l’aviation populaire. Certes elle est de plus en plus encadrée (trop sans doute..?). C’est une discipline qui se partage, qui fait rêver et permet de voir la terre sous un autre angle ! Cependant, parmi tous ces passionnés, je pourrais aussi citer la phrase de Pierre Desproges : Il vaut mieux se taire et passer pour un con plutôt que de parler et de ne laisser aucun doute sur le sujet. Je conçois qu’il y ait des directions à défendre dans ce milieu et des idées à protéger, autant le faire en étant force de proposition et de projet concret.
Quels seraient les conseils que tu pourrais donner aux jeunes pour s’investir dans la discipline ?
Rencontrez un club local pour discuter, faire des vols d’initiations, cherchez des conseils, plaisantez, apprenez à voler, boire un coup ! respectez cet ordre… Sinon changez de club.
Tu as participé à la grande course 2024. Peux-tu nous parler de ton expérience ?
La grande course, j’en ai rêvé et je l’ai fait ! Ce n’était pas gagné ! J’avais fait un fly trip solo en pendulaire/bivouac de Cestas en faisant le trait de côte jusqu’au golf du Morbihan, puis Grandville en passant bien évidemment par le majestueux Mont Saint-Michel. C’était ma première grande navigation. De ce fait j’en ai pris plein les yeux et le cœur avec ce trip, ça m’avait rassasié. Puis vint l’heure de la décision pour la grande course…. J’y vais, j’y vais pas. La météo est pas top, j’ai déjà bien volé, gnagnagni gnangnan. Je flippais ouais !! J’ai un proverbe de montagnard. Qui regarde la météo reste au bistrot. Puis j’ai vu le tracé que j’avais fait pour me rendre au départ. J’ai fait le point, pas top pour y aller en vol, surtout avec ce qui m’attendait pendant ces 3 jours ! Deux jours plus tard, le pendulaire était sur la remorque. Que dalle, je ne raterai pas ça ! Puis la ferveur et l’énergie partagée via le groupe Facebook la grande course a renforcé ma détermination pour rencontrer du monde et partager ça !
Je n’ai, bien évidemment, pas regretté le jour du départ, j’avais dormi 4 heures, j’étais à fond, un peu compétitif puis la météo m’a remis à ma place de jeune pilote. Fallait assurer, prendre le temps, analyser et prendre les bonnes décisions sur la navigation. Discuter, se reposer, écouter les conseils et décoller. Les énigmes et les QR codes ont rendu l’expérience encore plus palpitante. Se retrouver entre pilotes, à discuter du vol, faire connaissance, échanger sur les énigmes ont rendu le truc ludique. Ça permet de redescendre !
J’avais préparé ma petite stratégie ou plutôt anticipé la météo. Vent d’ouest / nord-ouest mercredi et jeudi. Je pars direct à l’ouest et redescend à l’est dès jeudi en bord de Loire. Le pied ! Le mercredi, 20 nœuds sur une piste à 16h à Courcité. Je prend mes marges de sécurité, plus haut en vertical, je m’intègre. Tiens une éolienne juste au niveau du virage de base. 20 nœuds en vent de travers. Mon virage d’étape de base finira en finale, barre au ventre pied prêt à dégainer l’hélice au cas où. Je suis en crabe comme jamais, c’est trop bien, le gradient, turbulence avant le seuil de piste, ça dégueule mais pas trop. Kiss landing ! Mon plus beau souvenir d’atterrissage !
J’y rencontre Maxence et Jessica, couple en tandem sur leur chouette pendulaire. On fait le reste ensemble, ça donne de la motivation, je me sens moins seul aussi en vol, c’est plus rassurant et bien plus sympa ! C’est dans ces conditions qu’on est content de reprendre pieds à terre, de partager les expériences et prendre les conseils des pilotes plus expérimentés ! 3ème jour, je décolle tôt le matin, il me reste 8 bases à faire avant 14h00. C’est chaud. Puis je prends plaisir à voler au-dessus de la Loire. C’est magnifique. On enchaîne les bases avec Maxence et Jessica, c’est le pied ! Il fait plutôt beau temps, ça rend le dernier jour plus cool. Puis le rythme, la confiance se sont installés…
Je décolle de Chanay à 13h00 pour aller sur une base à 8 minutes de vol. Mon tel sonne, Christophe Guyon m’appelle, je suis en vertical. Je rappelle après l’attéro. « Thibault, tu es un des 3 gagnants de la grande course, faut que tu retournes à la base précédente, là où la stèle en marbre de la grande course est cachée ! On parle, débrief au tel, je cherche à comprendre pourquoi je suis un des gagnants. Navigation, nombre de bases, énigmes validées convivialité et sécurité ! Ça c’est bien vrai ! Le kiff, je repars au terrain précédent, je fais le plus moche des attéros ! J’écoute le message de Christophe qui indique l’emplacement et go ! Belle surprise !! Puis le soir, retrouvailles avec tous les pilotes sur cette belle et très accueillante base de Loches ! Ce fut plus dur le lendemain, 2 heures de vol pour retourner au point de départ, démonter, remorque et go to Bordeaux. J’étais trop cuit pour aller à Blois !!
Quels sont tes projets pour l’avenir ?
Quels sont tes projets pour l’avenir ? J’ai un projet ULM et pas des moindres ! Dès le dernier soir de la grande course, plein d’engouement, je réfléchissais déjà à l’emplacement de la future grande course. On en parle le lendemain avec Christophe, qui m’explique ne pas vouloir refaire la même chose. Ça se comprend. Puis 6 heures plus tard sur la route la décision fut prise. Je vais créer un groupe WhatsApp autour de la grande course 2025. Faire le point des idées. 3 mois plus tard… nous sommes plusieurs à l’organiser ! 40 bases ont été contactées et ont validé la grande course ! La grande course 2025 loading ! To be continued…