“Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines ”, référence éculée quand on parle du monde aéronautique.
Merveilleux parce qu’entre la solidarité, la convivialité, l’humour mais aussi le sérieux, la Grande Escapade m’a permis de découvrir un monde extra-ordinaire!
Alors, bien sûr, les lecteurs de la Gazette le connaissent bien, mais pour moi, “breveté” depuis un an, avec moins de 35 heures solo, c’a été presque plus qu’une découverte, une initiation ! Avant de rendre hommage aux ”non- organisateurs”, mes remerciements vont d’abord à mon poisson pilote, ma plume-au-vent sur son Alizé-Mystic, tout le monde reconnaîtra Sylvie !
J’ai un peu le sens de l’aventure, mais je ne serais probablement pas parti de St André de l’Eure seul. (Bon, Amandio compte pour des prunes avec son 3axes ! Je blague, Amandio)
Mon Alizé(e)-Mystic(que)-Plume-au-vent a plusieurs caractéristiques aéronautiques !
La première c’est la légèreté, et si ça pompe, eh bien Sylvie monte… puis redescend. Et quand c’est la première fois qu’on vole en patrouille, et qu’on a été biberonné toute sa formation au “Garde ton altitude ”, la charge mentale augmente de façon significative.
“P…., mais elle est où, là ? ”…..”Ok, je t’ai en visuel”.
La deuxième, c’est la vitesse.Ou plutôt le différentiel de vitesse !
Tout le monde connaît la PTS, moi, j’ai pratiqué la TES, la Trajectoire en S !
Alors bien sûr, quand je raconte ça à de vieux pilotes (pas des bons pilotes !) ça les fait rire ! Mais ce n’est pas drôle du tout quand vous avez peu d’heures de vol, aucune expérience du vol en patrouille ni de nav de plus de 45 mn et que pendant toute votre formation on vous a seriné: ”Ton cap, Christian, maintiens ton cap”!
Troisième caractéristique: Le tourisme !
On n’est pas du style à simplement tracer un trait entre 2 points, on visite, on essaie de repérer les Bases Ulm sur notre route (petite arrière pensée de préparation à la Grande Course de septembre ! ).
Bon, même si on a préparé la nav ensemble, qu’on a les mêmes points tournants, il arrive que l’on entende sur 123.45: ” Je ne te vois plus, tu es à quelle altitude, tu l’as passé le premier pont près de Saumur ?”
Dernière caractéristique aéronautique de mon poisson pilote: Voler à d’autres heures que tôt le matin ou tard le soir (n’est ce pas, Christophe, il se reconnaîtra) n’est pas vraiment une préoccupation. J’ai du prendre 4 cm de tour de biceps en moins d’une semaine !
Non, la vraie première caractéristique de mon Alizé(e)-Mystic(que)-Plume-au-vent ce sont ses valeurs humaines de gentillesse, patience, sérieux mais aussi détermination et courage.
J’ai une part de responsabilité dans la mésaventure de la “sorcière” de Fontenay qui a retourné sa machine (elle, est restée pendue, accrochée à sa ceinture) sur le tarmac de l’aérodrome.
En effet, tout le monde (sauf Claude) avait prévu de rejoindre Chenay directement. Comme nous avions été frustrés du trait de côte prévu au départ de La Baule, nous avons décidé de remonter vers le Nord jusqu’à Noirmoutier.
C’était magique, Claude nous a rattrapés pour nous saluer avec son Fox mais assez rapidement après, au niveau de Brétignolles, je n’en pouvais plus d’avoir froid.
J’ai donc dit à Sylvie que je ne pourrais pas faire 20 mn N puis 20mn S supplémentaires pour reprendre la route de Chenay. Elle n’a pas voulu me laisser, a renoncé à Noirmoutier et proposé qu’on fasse un stop à Fontenay, le temps que je me réchauffe.
C’est ce que nous avons fait et en avons profité pour refaire le plein. Pour la première fois pour moi, directement avec un pistolet, pas avec le tuyau auto-amorçant !
Et c’est au moment où on s’annonçait à l’approche du point d’arrêt que cette saloperie de dust devil a soulevé son aile, pourtant basse. J’ai à peine eu le temps de voir le tourbillon de poussière et brins d’herbes qu’elle était déjà trainée sur l’extrados de l’aile sur plusieurs mètres.
Après que Sylvie ait réussi péniblement à se détacher ( la machine était pleine de carburant) et que nous l’ayons remise à l’endroit, on a du constater les dégâts. La toile de l’extrados percée à plusieurs endroits, une roue déjantée et la quille cassée.
On a déplacé le pendulaire à un endroit plus sûr et entrepris le démontage de l’aile. Ça aussi, ça fera partie de mes premières fois.
Tant bien que mal, Sylvie et moi avons déposé et replié l’aile. Au passage, bien sûr, elle ne disait rien, mais avait au moins une côte sinon cassée, au moins fêlée.
Sébastien, le chef pilote du Club planeur et sa compagne Hélène ainsi que ”Papi” ont contribué à gérer l’intendance de la situation, stockage provisoire de l’Ulm, hébergement, et repas du soir pour les naufragés que nous étions. Contact pris avec les Escapadeurs arrivés à Chenay, répartition des bagages, il a donc été convenu qu’Amandio avec son FK9 (lui aussi allégé d’une partie de ses bagages) récupérerait Sylvie pour poursuivre sur Montaigu. De toute façon, avec moins de 50 heures de vol, je n’avais pas l’emport passager !
La suite démontrera encore la solidarité exceptionnelle des pilotes ULM et les chances que Sylvie puisse voler pour la Grande Course début septembre ne sont pas nulles !
Merci aussi bien sur à mes instructeurs Ted, Serge et Romane.
Parmi les points à souligner pendant cette Grande Escapade, il y a l’accueil que nous ont réservé les différentes plate-formes qui nous ont accueillis. C’était royal ! Et il est clair que dès que j’en aurai l’occasion, je retournerai aux Avant Gardes, à Loudun, Fontenay et Montaigu.L’étape de Fougères (en alternative à Blois) a été tout aussi royale!
Toutes ces plate-formes et les gens qui les animent ont su rendre chaque étape particulièrement agréable où nous disposions systématiquement de solutions d’hébergement et de ravitaillement des pilotes et des machines, le tout dans une ambiance joyeuse et animée !
Je pourrais aussi vous faire part de tout ce que j’ai appris, mais déjà que ces ”quelques”lignes sont longues, ce serait encore plus indigeste !
Vivement l’année prochaine ! Dans le Grand Est ?