Ah, la Picardie… Ses vastes champs, ses petits villages tranquilles, et son aéroport perdu au milieu des champs de betteraves ! Oui, vous avez bien lu, je parle de l’aéroport d’Albert-Bray, ou devrais-je dire l’aéroport international Amiens-Henry Potez (parce que ça sonne quand même plus chic). Si vous cherchez un Roissy bis, avec ses centaines de passagers frénétiques et ses longues files d’attente, passez votre chemin ! Ici, tout est calme, très calme. Trop calme.
C’est par une belle matinée que nous avons décidé, mon compagnon de vol et moi-même, de partir pour une petite escapade depuis Persan. Destination Albert-Bray. À bord de nos ULM pendulaires, il nous aura fallu une bonne heure et quart de vol face à un vent laminaire mais soutenu.
En approche de cet aéroport, on comprend rapidement qu’on est loin de l’agitation des grands hubs internationaux. Imaginez une immense piste de 2 200 mètres de long, au milieu des champs de betteraves à perte de vue, avec pour seule compagnie un contrôleur à la tour, deux pompiers en stand-by, et deux gars sympas qui s’occupent du handling. Voilà, c’est tout. Pas de terminal. Pas de touristes. Pas de bagages égarés ni de vitrines de duty-free pleines de parfums hors de prix. Juste nous, nos deux deltaplanes motorisés, et une bonne dose de solitude. Le silence est presque assourdissant.
Après un atterrissage en 08, le contrôleur nous invite à faire rouler nos machines vers le parking en herbe fraîchement tondu. Une taxe d’atterrissage d’un montant de 10 euros est perçue par une demoiselle charmante dans un Algeco attenant au hangar des pompiers.
Alors que nous admirions la simplicité rustique des lieux, un vrombissement lointain se fait entendre. Un avion se profile à l’horizon. Pas n’importe quel avion, mes amis. Un monstre volant: L’Airbus A330-743L plus connu sous le nom de Beluga XL, cet avion-cargo hors normes utilisé par Airbus pour transporter ses précieux éléments de fuselage.
Le contraste est saisissant. Nous, humbles pilotes dans nos frêles ULM pendulaires, face à ce géant aérien conçu pour avaler des morceaux d’avion entier ! Le Beluga se pose avec une aisance déconcertante, presque gracieux malgré ses dimensions gargantuesques. Il vient charger sa cargaison issue de l’usine Airbus Atlantic, située juste à côté de l’aéroport. En quelques minutes, le ballet logistique commence. Ici, point de cargo-loader exposé aux caprices de la météo, non ! Tout se passe dans un hangar dédié, où les opérations de chargement se déroulent bien à l’abri. Une innovation, paraît-il, inaugurée à Albert.
Et puis, tout comme il est venu, le Beluga repart, majestueux. Il disparaît lentement dans le ciel picard, laissant derrière lui un silence presque mystique.
Mais ce n’est pas tout ! Avant de reprendre le ciel, nous avons eu la chance de pousser la porte du hangar Betrancourt Aviation, abritant de véritables trésors d’aviation. Là, au milieu des vieilles mécaniques, nous sommes tombés nez à nez avec un Fouga Magister rutilant, ancien avion d’entraînement emblématique. Juste à côté, un Trackeur autrefois destiné à combattre les incendies de forêt. Il y avait aussi un Storch allemand de la Seconde Guerre mondiale, un Morane Saulnier 733 en court de maintenance..
Après cette visite inopinée, remplis d’images de ces légendes des airs, nous avons finalement repris le chemin de Persan, ravis comme tout de notre excursion.