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Le rêve d’Icare sous toutes ses facettes – 2ème épisode

L’histoire d’un parcours transversal en 4 épisodes, du deltaplane à l’ULM en passant par le ballon dirigeable et la montgolfière !

L ‘épisode 1 vous expliquait comment j’étais passé du rêve (de voler) à la réalité. C’était d’abord en delta !

Je terminais cet épisode en disant que le vol libre nécessitait un relief propice à sa pratique… ce qui n’était malheureusement pas le cas en Champagne

Avant d’aller plus loin, je fais un petit écart vers l’ULM, à titre d’expérience et avec un pendulaire mais, ça ne m’avait pas tout à fait convaincu. La position du pilote ?… j’étais habitué à voler couché et pas assis !

J’approcherai alors un autre fameux pilote pour passer du vol libre au vol 3 (ou 2) axes ! Pas n’importe qui… mais je le découvrirai plus tard : Hubert de Chevigny !

Je le contacte, on prend RDV sur sa piste…

Estimant mon parcours de pilote delta et après m’avoir demandé de faire 2 allers-retours sur sa petite piste, Hubert me dira « Eh bien, maintenant tu y vas… plein gaz et tu décolles ! Quelques tours de piste et tu reviens te poser… »

Plus court comme formation, je n’imaginais pas !

Il avait confiance en moi le gaillard pour me lancer sur son propre ULM ! Ce fut mon vrai premier vol en tubes et toile. Un sacré personnage !

L’enchainement Vol en Delta – Vol en montgolfière

Après mes quelques expériences de vol delta tracté, j’ai eu la chance d’entrer en contact avec un pilote de montgolfière habitant en Bourgogne qui venait souvent voler en Champagne. Une idée a vite germé entre nous… me larguer en Delta à partir de sa montgolfière !

Quelques petites adaptations… la construction d’un système de largage du delta réalisé en recyclant une partie de la ceinture de sécurité d’une R6 et voilà que l’aventure commence…

Sous la nacelle de la montgolfière…

C’est donc en 1980 qu’aura lieu mon premier vol sous la nacelle d’une montgolfière, et ce sera aussi le début d’une très longue liste de belles rencontres à venir…

Conciliabule entre les deux pilotes sur la méthode à adopter pour les opérations de montée puis de largage.

Le moment délicat est l’installation du delta sous la montgolfière et le décollage :

Le ballon est prêt à voler… Le delta est préalablement relié au cadre de charge de la nacelle par une corde avec un anneau sur lequel vient se fixer le largueur.

Ce largueur a été préalablement attaché sur le mât du delta.

La commande du largueur (une simple cordelette) est à portée de main du pilote, reliée à la barre de commande du delta.

L’opération consiste à faire décoller le ballon d’une dizaine de mètres, le maintenir en statique pendant que le delta vient se positionner à la verticale de la nacelle, pilote accroché et en position de vol…

Premier largage à 3500ft !

Enfin un dénivelé respectable obtenu en plaine !

« Ça en fait sous la quille ! » comparé au décollage de pente en montagne…

L’impression ressentie est totalement différente, pas de relief aux alentours et un vide impressionnant sous le delta !

Le moment angoissant : le décollage car avant 300 m de hauteur, il n’y a pas de planche de salut…

Le moment décoiffant : l’instant du largage car le delta plonge littéralement en piqué (le pilote de la montgolfière est capable de voir l’intrados de l’aile !).

Le delta entame sa descente pour gonfler les lobes de l’aile, mais l’aile ne porte pas : elle est dans la position exacte d’un décrochage (largage à vitesse 0 !)

Au moment précis où j’actionne le largueur, le delta, en position de décrochage, entame son abattée. C’est assez violent et il faut le cœur bien accroché (et l’altimètre aussi !) pour ne pas céder à un instant de panique. De l’intérêt de ne pas tenter la manœuvre en proximité du sol…

Une fois la vitesse de vol obtenue au cours de la ressource, il suffit de reprendre les commandes du delta et du vol… et tout va bien !

Contrôle des paramètres et ensuite, c’est du bonheur pur.

On s’y fait à force ! Je renouvellerai l’expérience deux autres fois…

Le pilote de la montgolfière pour mes 3 vols de largage n’était autre que Michel Arnould, « Un dieu des airs ! » comme le qualifieront certains !

Michel Arnould avait la « COOL Attitude »

En 1981, je les assisterai lors de leur décollage en Irlande pour le Record du Monde de Durée et Distance de vol en montgolfière : 29 heures et 5’ de vol et 1154 km, record que Michel portera à 40h en 1984 !

La découverte d’un dirigeable géant !

Avec Michel, nous découvrons un article sur un énorme dirigeable créé par Jan Balkedal et Hans Akerstedt, deux amis suédois. Il s’agissait du plus gros dirigeable à air chaud d’Europe, avec une enveloppe gigantesque réalisée par la manufacture anglaise Cameron Balloons.

Nous irons ensemble, Michel et moi, tester ce matériel au cours d’un bref voyage en Suède avec l’idée d’exploiter cet engin exceptionnel !

Je n’avais pour seul bagage aéronautique que mon brevet de pilote delta…

Pour faire face à un monstre de 40m de long et de 27m de haut une fois gonflé, mon expérience et surtout mon feeling du vol libre me seront vraiment utiles ! Pas simple de maîtriser cet appareil qui nécessitait deux pilotes !

C’était une barre d’immeuble de 9 étages qui se déplaçait… Un pilote s’occupait du niveau de vol et le second était concentré sur les manœuvres et la direction du vol. La vitesse propre de l’engin était de 25km/h.

Finalement, Michel renoncera à ce projet commun pour se lancer un peu plus tard avec Hélène Dorigny, dans la construction de ballons sous licence RAVEN (Constructeur américain). C’était début 1985 !

Hélas, en mai 1985, Michel perdra la vie au cours d’un vol test sur un ULM qu’il projetait d’acheter. Nous venions tous de perdre un ami et un fabuleux pilote.

Après ce vol test effectué en Suède, il me restait à décider si je pouvais acheter ce ballon et lancer mon projet de création de société.

Lancement de “Champagne Air Show”

C’était en 1982. Mes débuts dans la montgolfière commenceront donc avec… un énorme dirigeable ! Le projet était tellement audacieux à l’époque qu’il avait séduit le magazine AVIASPORT qui en avait fait sa « Première de Couv » en Février 1983.

J’aurai l’opportunité de faire quelques vols extraordinaires avec ce dirigeable qui s’avérait très exigeant à piloter. Je ferai notamment un magnifique survol du bassin d’Arcachon et de la dune du Pila pour atterrir à La Teste de Buch. Également un vol au meeting de la Ferté-Allais et quelques autres vols publics dans le cadre de manifestations aériennes à Nantes, à Hazebrouck et quelques autres lieux moins connus en France. Je devais également faire un vol de démonstration au meeting de Mannheim. Malheureusement le crash dramatique d’un hélicoptère Chinook entraina l’annulation totale de la manifestation. C’était le 11 septembre 1982.

J’exploiterai ce dirigeable de 1982 à 1985 avant de le restituer à ses créateurs. Il a alors rejoint un musée aéronautique à Stockholm.

Données techniques :

DIRIGEABLE SE ZAA (prototype unique) – Volume 4000 m3

40 m de long et 27m de haut

Moteur VW 1600 avionné (60 CV) fonctionnant au gaz propane

Hélice propulsive de 1,80m de diamètre

Nacelle faite en acier… suédois !

A l’époque, ce dirigeable était considéré comme une montgolfière puisque fonctionnant comme un ballon à air chaud, c’était une montgolfière motorisée

Aujourd’hui, il ne pourrait pas entrer dans la classe 5 ULM en raison de son volume supérieur à 2000m3 !

Prochain épisode : Du dirigeable à la montgolfière !