Découverte d’un nouveau monde
Je découvre le monde de l’ULM par une belle journée de septembre, légèrement frisquette mais ensoleillée.
Jusqu’à peu auparavant, comme beaucoup de terriens, l’ULM était synonyme de… pendulaire… Pauvre de moi !
Je découvre en fait, toutes sortes de machines ! De toutes les formes, de toutes les couleurs ; des étincelles s’illuminent dans mes yeux. Au gré d’échanges passionnés et passionnants, je comprends que voler n’est pas réservé à la classe un peu à part et presque inaccessible de l’aviation. Je n’avais pas imaginé qu’il existait une catégorie « plus cool ».
Alors voilà, bêtement, j’en étais restée à ces limitations et n’avais, par conséquent pas creusé.
Pourtant, j’avais bien vu ces autres “volants”, ceux des pendulaires. Mais bêtement, je les associais à ces foufous des années 70/80 qui s’élançaient sous un bout de toile accroché à trois bouts de tubes. Leur affaire ne me paraissait pas bien sérieuse.
Je les regarde maintenant avec beaucoup de respect. Ils étaient drôlement gonflés les gars, à cette époque ! Les pionniers de l’ULM, non ?
Moutons et joli petit canari
Revenons à mes moutons de cette radieuse journée automnale.
Me voilà face à un bel Apollo Fox, d’un jaune canari éclatant. Peu après, je suis sanglée, à quelques minutes du décollage. Je regarde le tableau de bord, ces cadrans dont je ne comprenais pas encore la
signification. Puis, j’observe l’ensemble de l’appareil, examine les haubans, leurs fixations…
Ok, ok… Ça me parait quand-même bien mince tout ça pour circuler en 3D ! Mais bon, ces gens fonctionnent comme ça depuis des dizaines d’années, alors quoi ! ?
Monte alors Christian qui plie tant bien que mal, son mètre 90 derrière les commandes.
Le “grand” s’installe à bord
J’observe le commandant de bord se préparer au vol, allumer les différents équipements. J’étais en confiance au sujet de l’enthousiaste pilote qui allait m’offrir mon baptême ULM. J’avais entendu que le “grand” comme le désigne son ami Dédé était excellent mécanicien, qu’il avait je ne sais plus combien d’heures de vol, qu’il avait participé à plusieurs raids ULM dont un jusqu’au Sénégal. Mais Christian m’avait aussi été présenté comme un très bon pilote mais un pilote un peu trop engagé, dirons-nous. “Il fait mauvais, personne ne vole sauf un : Christian !” L’intéressé ne s’en cache pas et dit qu’il s’en fait presque “un devoir” de façon à entretenir ses compétences. “Lorsque l’on a besoin de faire face à des conditions détériorées, il vaut mieux s’y être exercé”. D’ailleurs, une de ses phrases fétiches à l’aéroclub est : “C’était formateur ! ” en parlant de conditions un peu rock’n roll. « Ça se tient », me dis-je.
Je capte de mieux en mieux, en écoutant les uns, les autres que voler en ULM n’est pas une “science exacte” ! La pratique de l’ultra léger est prévue pour évoluer dans des conditions idéales mais la nature étant ce qu’elle est, des changements peuvent apparaître. S’exercer me semble donc pertinent.
Voilà le moment de… s’envoyer en l’air !
Mise en route du moteur, premier message radio lancé puis on roule. La machine est chaude, on se place en 01. Dès lors, tout s’accélère, Christian pousse les gaz à fond, le canari galope sur la piste avant de prendre son envol et me voilà déjà en l’air ! J’adore !
Je regarde à droite, à gauche. Ouah… C’est chouette ! Puis, là les « portières » de l’Apollo fox me font grand effet car elles sont totalement vitrées. Mon regard va donc jusqu’au sol, à quelques 2 000 pieds en dessous ! Je suis saisie. Un petit « vertige » peut-être ?
Aaaarhgghh…
Je fais ma minute blonde. Chahutage de neurones…
Cette porte n’en est pas vraiment une, en fait ! Bah oui… je ne suis pas dans ma bagnole ! Cette portière n’est pas une protection, c’est plus pour le fun ! Pour le look, les finitions et sûrement pour l’isolation. Eh oui, on est quand-même à 160/170 km/h !
Ok, ok…
Mon oreille interne a donc besoin de se caler sur ces nouveaux paramètres…
Je relève les yeux, admire le paysage, m’attarde sur les montagnes qui tracent de multiples horizons. Séduisantes lignes qui comme les sirènes dans l’océan, attirent le pilote toujours plus loin pour les atteindre.
Ah… Punaise, c’est beau, c’est bon ! Comment dire ? C’est tellement exaltant de regarder le monde d’en haut. C’est vraiment le pied ! !
On prend gentiment de l’altitude, le commandant de bord me demande si ça va. Un sourire étiré d’une oreille à l’autre
Je lui réponds, si tant est qu’il y ait besoin, un “oui, oui” !
Christian me propose de prendre les commandes, enfin le manche. Ouuuaaah ! Je suis aux anges ! J’en rêvais depuis si longtemps !
J’avais entendu que les mouvements ne devaient pas dépasser le périmètre d’une pièce de 2 €, alors je me concentre. Mais le vol se transforme un peu en tour dans les montagnes russes ! Christian s’en amuse et fait mine d’avoir des hauts le cœur. Il m’explique 2, 3 paramètres. Je reprends, puis, il m’encourage à faire de légers virages. J’adore ! J’adore cette sensation d’être dans l’air. Et un truc ; un truc qui me fait délirer : observer les ailes, les voir s’incliner dans le paysage et y déceler parfois les reflets du soleil…
Le tour du matin
Christian me propose de découvrir son tour de chauffe : « le petit tour du matin ». Il reprend les commandes. Rien d’extraordinaire au début : descente de la vallée avant de devoir changer de cap pour contourner de nouveaux reliefs. Puis, prise d’altitude progressive, plein axe sur des crêtes. On atteint maintenant leur hauteur, grosso modo 4 000 pieds. Et derrière, un trésor ! Scintillant comme mille diamants, le lac du Bourget se dévoile.
Mon regard balaye le paysage, le spectacle n’est pas fini ! Je me rends compte que l’on franchit maintenant la crête ! Christian modifie certains réglages et on plonge ! Nous voilà surfant sur la pente abrupte qui descend vers le lac. Encore d’autres sensations ! Jubilatoires !
Cette sensation indicible de voler ! Comment l’exprimer ? Être en l’air, dans l’air et s’y sentir bien !
L’air, peut-être le meilleur élément pour que l’humain ressente la liberté ? Sûrement la raison pour laquelle depuis toujours l’homme regarde l’oiseau avec envie, non ?
Danser avec les dieux
Sur le retour vers l’aérodrome, je poursuis “les exercices” de prise en main. Maintenant, le niveau de vol est plus aisément conservé, les virages plus équilibrés. Faut avouer que les conditions de ce jour étaient d’un calme absolu. J’avais l’impression de valser, danser avec Zeus, Éole ou Ether ! Enfin, quels qu’ils aient été, ils ont été bien cléments pour mon baptême !
Un plaisir indescriptible, des sensations au-delà du ressenti physique pourtant déjà tellement jouissif !
L’aérodrome est maintenant en vue, Christian a repris les commandes ; annonce radio pour la 01. On est dans l’axe de piste, je suis concentrée sur la manœuvre en cours. Et là, je ne sais pas quoi… une sensation curieuse, on se met à descendre comme en crabe. Je n’ai plus la piste devant mais à ma droite ! ? ? Je lance un coup d’œil discret vers le pilote, je n’y décèle aucune angoisse.
Ok…
La piste approche… l’appareil revient dans l’axe et on pose comme sur du velours.
Magnifique !
Ce final grandiose ! !
Je demande à Christian ce qui s’est passé avant l’atterrissage. Avec un petit sourire, il me parle de glissade.
Ah ouais, une glissade ? !
Là pour de bon, ça donnait vraiment l’impression de surfer ! !
Ah, quel pied !
Et voilà, la premier épisode d’une jolie série ! Subjuguée par l’expérience, je n’ai pris que peu de photos valables. Je vous propose cependant de belles prises lors d’un vol ultérieur autour du Mont Blanc :