L’immensité de notre territoire fait que les populations se classent en plusieurs catégories naturelles, il y a notamment ceux qui vivent près des aérodromes ou aéroports et ceux qui vivent loin de ces endroits.
Quel que soit l’endroit où l’on vit, on attrape parfois le virus de l’aviation et il est intéressant de voir comment évolue notre vision de cette discipline et le sentiment parfois de vouloir aller plus loin.
La peur…
Lorsqu’on habite loin d’un terrain, on n’entend hélas jamais parler d’avion ou alors lorsqu’un accident arrive. Je me souviens étant petit des ouvertures de journaux télévisés relatant le crash d’un Boeing ou autre machine à tel ou tel endroit du monde, avec nos parents horrifiés et ma mère s’exclamant “oh mon dieu je ne prendrai jamais l’avion…”.
Le paradoxe…
Malgré le fait que nous habitions à l’époque loin de toute infrastructure, nous n’étions pas moins impressionnés lorsque nous descendions à Paris par le passage sous les pistes de l’aéroport Charles de Gaulle, surtout quand la trajectoire de notre Peugeot 309 de l’époque croisait celle d’un Boeing 747 Air France au dessus de l’autoroute A1.
Il est important de situer le contexte, nous sommes là entre la fin des années 80 et le début des années 90, on ne parlait pas encore des compagnies “low cost” et surtout les voyages en avion étaient exceptionnels. Le rêve de partir en avion était alors promu par Jacques Martin le dimanche sur Antenne 2, nostalgie quand tu nous tiens…
Pourtant à l’époque mes parents n’auraient pas craché sur un billet d’avion pour la Guadeloupe ou autre destination ensoleillée, comme quoi…
L’heure du premier vol…
En 2005 j’avais 21 ans lorsque l’opportunité de faire un premier long voyage s’est présentée. J’ai eu la possibilité de partir à l’île Maurice en voyage organisé avec le comité d’entreprise où je travaillais.
Je dois avouer que je n’en menais pas large à l’époque, j’étais encore à 1000 lieues du monde aéronautique. Je me rappelle de ces longs couloirs, des procédures de sécurité, de ces hectares de surface commerciale et de la modernité du terminal 2B ou 2F de Roissy.
Au moment de l’embarquement le stress monte d’un cran car je vois ces géants du ciel effectuer leur rotation juste devant moi, j’avais la crainte des sensations fortes (je ne suis pas fan des montagnes russes…). La peur de tout le reste aussi, le 11 septembre 2001 est encore dans toutes les têtes.
Aussitôt installé à ma place, j’écoute avec la plus grande attention les consignes de sécurité et je regarde dehors, la machine se met en route et commence alors un très long taxi jusqu’au point d’attente suivi d’une longue attente avant un alignement, interminable.
La peur, l’angoisse, le stress tout est là, on ne peut plus reculer… il faut y aller !
Le déclic, la bascule…
Après une longue attente, notre appareil s’aligne enfin pour décoller, j’entends encore la montée en puissance des 4 moteurs de notre Boeing 747 et le lâcher des freins.
A ce moment précis il s’est passé quelque chose, ce que j’appelle le déclic ou le point de bascule, en une fraction de seconde mes émotions se sont inversées, je suis passé de la peur au bonheur.
On a la chair de poule, la vague de douceur qui parcourt notre corps et les yeux qui pétillent. Très vite on passe de la grisaille au ciel bleu éclatant avec les nuages en dessous. C’était génial !
Le début du rêve…
Après ce vol d’environ 11 heures et 12 jours sur place vient le temps du vol retour avec cette fois-ci une vraie excitation !
De retour à Arras, j’ai commencé à me renseigner auprès des aéroclubs locaux mais les prix étaient assez élevés par rapport à ma situation de l’époque car j’étais un jeune technicien informatique avec un petit salaire, nous étions donc dans une phase de rêve…
Du rêve à la réalité…
Un jour, bien des années plus tard, en discutant avec quelques copains comme Armand (qui est aussi rédacteur sur ce site), je lui dis que j’aimerais bien apprendre à voler mais que je suis bloqué car ma femme a peur… Puis il m’apprend qu’il n’y a pas de raison car les ULMs sont équipés de parachutes.
C’est ainsi que je me suis rendu au club ULM Evasion de Maubeuge en mars 2022 pour rencontrer l’équipe et commencer ma formation.
J’ai été très bien accueilli et j’ai pu faire un baptême dans le Coyote à grandes ailes, celui utilisé pour la formation des élèves avec Alain qui s’occupait des baptêmes. Il m’a expliqué les bases du pilotage en vol et j’ai pu prendre les commandes pour la première fois, j’étais aux anges.
C’est ainsi qu’une semaine plus tard je revenais au club pour débuter ma formation avec Julien, l’un des instructeurs locaux. Nous avons tout de suite eu une très bonne entente et c’est important. Julien fait partie de ces instructeurs passionnés qui aiment transmettre leur passion, sont toujours ouverts pour des ballades, des nouvelles idées.
Aujourd’hui je suis breveté depuis la fin du mois d’Août, ma formation aura duré en tout 16 mois. Nous sommes tributaires hélas des conditions météo, de la disponibilité des machines etc…
Cependant voler est toujours un vrai régal tant dans les préparatifs que le montage final pour une petite vidéo YouTube.
Il est intéressant de constater que l’on peut parfois attraper “le virus” de manière inattendue et ainsi se découvrir une nouvelle passion.
L’homme a toujours rêvé de voler comme les oiseaux et sincèrement on peut le comprendre lorsqu’on est là haut !
“Fais de ta vie un rêve, et de ton rêve une réalité !”
Antoine de Saint-Exupéry