A quatre jours du bouclage de ce numéro de Mars, nous sommes informés de la parution au
journal officiel du nouvel arrêté ministériel relatif aux conditions d’utilisation des aéronefs
ultralégers motorisés (ULM). C’est un dilemme pour nous… Devons nous réagir à chaud sur
cette parution ou conserver le plan initial qu’on s’était fixé avant cette parution.
Il nous paraît évident que nous ne pouvons pas laisser un tel texte de côté un mois de plus.
Ne vous méprenez pas, nous ne pourrons, en aucun cas, faire un exposé définitif de ce
nouvel arrêté. Il va nous falloir, comme pour tout le monde, un peu de temps pour en extraire
toutes ses subtilités. Cependant, nous pouvons balayer les grandes lignes pour vous
permettre de mieux appréhender ce qu’il se joue dans ce dossier.

LE SOUS-MARIN ADMINISTRATIF
Il serait facile d’avoir l’air surpris en parcourant le document mais en toute honnêteté, nous
en avions tous entendu parlé. Une bombe nucléaire n’est pas larguée sans coup de
semonce… On savait qu’on allait la prendre sur la tête mais on ignorait jusqu’alors quand.
La question n’est pas forcément là. Un tel texte, qui va transformer à jamais notre activité,
a-t-il pu être écrit sans qu’une instance fédérale tienne le crayon ? Malheureusement, j’ai
bien peur que oui… C’est très surprenant, presque inquiétant et, entre nous, c’est quand
même un comble pour une activité qui en compte deux… des fédérations !
DANS LE VIF DU SUJET
Pour en revenir à nos moutons, cet arrêté vient compléter celui de 1998 en s’attaquant non
pas à l’objet mais à son utilisation. Si, les changements ne sont pas spectaculaires sur une
pratique purement loisir de l’ULM, le côté associatif et professionnel va quant à lui se voir
profondément perturbé. A noter quand même que pour le pilote lambda, à partir du 1er
Juillet de cette année, l’ambiguïté sur le vol “on-top” est levée. Cette pratique est proscrite. Il
faudra également, en cas de survol d’un milieu hostile s’équiper de matériel supplémentaire
(gilet de sauvetage, balise, matériel de survie et de subsistance,etc…) Ce sont deux notions
prises au hasard dans le panier, nous essaierons de vous récapituler l’ensemble des
mesures dans le prochain numéro de la gazette.
L’AIR DU CERTIFIÉ
En réalité, les problèmes commencent dès que l’on évoque le volet pécuniaire de l’activité.
Effectivement, l’argent est toujours un facteur déterminant en termes de sécurité. Enfin… je
crois. Ou alors, cela dérangeait que l’on arrive à proposer une activité récréative aérienne à
moindre coût. Passons sur ce sujet, j’ai peur que l’on s’épuise pour rien.
Les activités de baptême de l’air ou autre vol découverte appelées VLO et VLD dans cette
missive se retrouvent cadrées à tel point qu’une réelle certification aurait été moins
contraignante.Nos associations, professionnels, clubs, et toutes autres organisations dont le nom
m’échappe vont se retrouver devant une montagne administrative à gravir. Un délai de
quelques mois nous est accordé. Nous devrons être en conformité avec ces directives au
maximum le 1er avril 2026. Je ne sais pas pour vous, mais j’ai du mal à dire merci…
Pour faire simple, un manuel d’activité devra émaner de chaque organisme réalisant des
baptêmes de l’air. Cela peut paraître simple dit comme ça mais croyez moi, quand on tire
sur la ficelle d’un tel schéma, on est pas près d’en voir le bout.
Nous allons devoir déterminer les risques liés à l’activité et mettre les mesures en face
permettant d’y remédier. Des responsables seront clairement identifiés. Des procédures,
process et formulaires devront être établis permettant d’assurer la compétence des pilotes,
l’état de maintenance et l’utilisation des appareils, la sécurité des vols et l’information des
clients. Le suivi médical des pilotes est également cadré avec une régularité accrue en
fonction de l’âge.
Enfin, des choses plus cocasses, dignes du bazar de la gazette, comme la pesée des
clients, l’affichage de l’aspect aléatoire de la sécurité de notre activité ou l’obligation de
passer les téléphones en mode avion ont surement été ajoutée pour apporter un peu de
légèreté, tester nos capacités commerciales et nous permettre de passer un franc moment
de rigolade en compagnie de nos passagers d’un jour.

NOUS Y ARRIVERONS
Dans tous les cas, notre détermination à faire perdurer l’ULM ne doit pas être ébranlée.
C’est une grosse étape à franchir, je ne peux malheureusement pas vous dire le contraire,
mais c’est possible. La responsabilité individuelle, jusque-là figure de proue de notre activité,
vient d’être enfermée à double tour dans la cale du navire mais peu importe, nous y
arriverons…
J’aimerai finir cet article avec une pensée particulière pour tous les pilotes, dont je fais
partie, réalisant des baptêmes de l’air de façon professionnelle et qui vont se retrouver
devant ce mur de paperasse. Bien évidemment, je pense également à tous les présidents
de club qui vont devoir, de façon bénévole, démêler ce nouveau casse-tête.
Bon courage…