Je n’oublierai pas Michel Flandin »

Je n’oublierai pas Michel Flandin. Ceux qui l’ont croisé, qui ont volé à ses côtés, qui ont appris avec lui ou qui l’ont affronté en compétition ne l’oublieront pas non plus. Il s’est éteint en octobre 2024, laissant derrière lui une vie consacrée à l’aviation légère, à la formation des pilotes et à une passion qu’il a cultivée jusqu’au bout.

Michel était sans aucun doute un introverti, mais d’une générosité sans borne. Il faisait partie de ces gens avec lesquels tout se passe en dehors des mots. Pas de grandes déclarations, pas de discours inutiles. Juste une présence, une confiance, un engagement inébranlable. J’avais un lien et un attachement profond avec lui, un respect total. Il y avait aussi de la pudeur. Il ne cherchait ni reconnaissance ni admiration, seulement à faire les choses bien.

Un homme de terrain, un compétiteur

Il ne parlait pas beaucoup, mais il agissait. La compétition était une seconde nature. Avant l’aviation, il y avait le karting, les circuits partagés avec Alain Prost. Puis, il découvre le deltaplane, avant de plonger dans le monde de l’ULM pendulaire. Là, il trouve son équilibre : technique, vitesse, engagement.

En 1988, il choisit de devenir instructeur. À Hoéville et ailleurs, il forme des pilotes, beaucoup de pilotes. Mais pas n’importe comment. Apprendre avec lui, c’était accepter une certaine rigueur. Il ne se contentait pas de transmettre des bases, il préparait les pilotes selon ses standards « Les pilotes que j’ai formés, ils peuvent se poser partout», disait-il avec fierté.

Le goût de la compétition ne l’a jamais quitté. Championnat d’Europe en Hongrie en 1991, 1000 kilomètres de Béziers, et surtout, les courses aux pylônes, son domaine de prédilection. Rapide, précis, toujours à la limite. Ses adversaires savaient qu’il ne serait pas facile à battre.

Certains défis avaient une autre envergure. Le Trans-Sahara Air Marathon, 4000 kilomètres au-dessus du désert, fut de ceux-là. Une épreuve où l’on vole loin de tout, où l’on ne peut compter que sur soi et son appareil. Peu de mots à ce sujet, mais l’expérience l’avait profondément marqué.

Hoéville, le projet d’une vie

En 1992, avec son épouse, il fonde la base ULM de Hoéville et la société Vol à Vue. Plus qu’un centre de formation, ce lieu devient un espace de transmission, d’échange et de rigueur. On ne venait pas seulement y apprendre à voler, on y apprenait à bien voler.

Pendant plus de 25 ans, il consacre ses jours, ses nuits, à perfectionner son enseignement, entretenir les machines, gérer l’organisation. Les souvenirs de ses élèves parlent pour lui. Certains évoquent encore ses remarques piquantes, « son côté pince-sans-rire ». Derrière l’humour, une exigence permanente : apprendre, progresser, ne jamais se satisfaire d’un à-peu-près.

La transmission, Michel ne l’évoquait pas, il la vivait. Une formation, pour lui, n’était pas un simple apprentissage technique, mais une assurance que ses élèves sauraient prendre les bonnes décisions, quelles que soient les conditions.

Lors de ses funérailles, Nadine Antoine, une de ses élèves, a trouvé les mots justes pour parler de ce qu’il laissait derrière lui :

« Tu m’as dit un jour : Le ciel n’appartient qu’à ceux qui osent, mais ceux qui osent doivent toujours s’y rendre avec humilité. Tu nous as appris que voler était une leçon de vie, que chaque instant passé dans les airs était un moment où il fallait se montrer digne de ce privilège. »

Ces mots résument tout. Pour Michel, voler n’était pas un simple loisir. C’était un engagement, une responsabilité, une manière d’être.

Nadine Antoine, élève pilote le jour de son lâché sur la base d’Hoéville

Quel avenir pour la base de Hoéville ?

En 2018, Michel prend sa retraite et retourne sur les circuits de karting, renouant avec sa première passion. Mais la base d’Hoéville reste son projet de vie, et il veille à ce qu’elle continue de fonctionner.

Aujourd’hui, avec sa disparition, l’avenir du site est incertain. Huit pilotes sont encore locataires de la SCI Aux Ormes, et l’activité pourrait se poursuivre. Mais il faut quelqu’un pour reprendre le flambeau, quelqu’un qui partage la même passion pour l’ULM et l’envie de transmettre.

Michel n’aurait pas voulu que tout s’arrête. Ce qu’il a construit, il l’a bâti pour durer. Ceux qui ont appris avec lui savent à quel point cette base est précieuse. Ce n’est pas seulement un lieu, c’est un état d’esprit, une culture du vol exigeante et passionnée.

« Je n’oublierai pas Michel Flandin. Et si vous avez eu la chance de le connaître, de voler avec lui, ou d’être formé par lui, vous ne l’oublierez pas non plus.« 

Base ULM  Hoéville LF5451

Piste en herbe 280 m

Hangar  975 m2

Hangar équipé atelier 300m2

Hangar multiaxes 130m2

Chalet club house