A propos de L'auteur

La Grande Course que je n’ai pas faite…

mais que j’ai faite quand même !

Salut à tous. Je ne sais pas pour vous, mais ce qui me plait par dessus tout dans le fait de voler, c’est ce qui se cache dans le verbe lui-même, car « voler », c’est quelque part dérober au ciel une part d’éternité qui nous emplit d’abord les yeux puis le cœur avant de nous abandonner une fois posés, terrassés par notre condition de terrien, au moins jusqu’à ce que le prochain décollage ne concrétise à nouveau ce petit miracle.

Faire La Grande Course, c’était pour moi une obligation, une évidence qui s’imposait d’autant que je disposais de la machine idéale pour parcourir tous ces terrains relativement proches les uns des autres : le Paon d’Or.

La stratégie…

Fort d’une première expérience très concluante sur la première étape du grand Prix de France 2023, je décide de m’inscrire et d’aligner sur la ligne de départ de Champrond mon fidèle destrier de 1984. Allez, procédons dans l’ordre : 

Je commence par poser des congés sur la période de sorte que je ne puisse reculer face à l’échéance le moment venu en invoquant un quelconque impératif pro. Je ne sais pas pour vous, mais de mon coté, être tenté de reculer aurait été de l’ordre du possible, surtout au vu de la météo !   CONGÉS : Check !

Le deuxième point clé, c’est l’ambition et croyez-moi, elle est forte ! J’envisage tout simplement de procéder au montage  du Paon d’Or à Persan et de me rendre sur le départ directement en vol. Rien d’impossible dans l’absolu mais un beau challenge quand même pour une machine aussi ancienne. AMBITION : Check !

Pour nourrir cette ambition, il faut de l’autonomie en carburant, et de l’autonomie, j’en ai pas ! Avec mes 20 litres, je peux a peine compter sur une heure 20 de vol. Pas terrible quand on aspire à parcourir 30 bases en 3 jours ! Qu’à cela ne tienne, les sites marchands sont mes amis. Je trouve (après moultes recherches) la perle rare avec un bidon auxiliaire de 30 litres qui va sans aucun doute me mettre à l’aise sur les étapes prévues. Circuit carburant : Check ! 

Je vous ferai grâce de la radio, des roues, trop petites que je veux passer en mode roues de brouettes mais qui ne conviendront pas du fait des haubans qui frotteraient ! Je passerai également sur la commande de frein à réinstaller, indispensable vu la taille de certains terrains ! Je vous épargnerai la séquence déco des empennages et celle des ailes… bref… admettons, le gars…., il arrive à remettre tout ça a l’endroit et prêt au départ.  La machine : quasi Check ! 

Allez, on touche au but ! Bon OK, je vous l’accorde, le printemps est on ne peut plus merdique mais je m’accroche à l’espoir improbable d’une accalmie au milieu d’une sal.p.rie de météo calamiteuse pour réaliser un chantier sans lequel il sera très difficile d’avancer, à savoir la reconstruction de la toiture de la remorque du Paon d’Or. Il ne faut oublier que la remorque date elle aussi de 1984 ! Une fois qu’on a dit ça, comprenez mes journées, composées chaque matin avant d’aller bosser, d’un écopage en règle de la bâche qui recouvre la remorque et se creuse à chaque ondée, ce qui est également mon lot en rentrant le soir, le tout sous la flotte bien sûr ! 

Problème… Le stratège !

Fin mai, le miracle se produit : une journée entière sans pluie ! Je fonce chercher le nécessaire pour construire ma toiture de remorque. De retour à la maison, on attaque les travaux. On vire la bâche d’origine qui est cuite puis on installe les panneaux de polycarbonate qui donneront une certaine rigidité a la toiture. Allez, encore un petit effort ! On y est presque ! On ajuste la dernière plaque. A mon épouse : « vas-y, monte là et pousse un peu sur cette plaque ». A mon fils : « vas-y monte sur la flèche »….  « avec moi » …. Vous voyez la suite sur une poutre elle aussi de 1984 ou je vous fais un dessin ? Bon je pense qu’une simple photo suffira ! La roue jockey est en travers, la poutre se torsade littéralement sur son axe du fait du surpoids engendré par notre présence sur la flèche d’une part, et d’autre part à cause d’une corrosion majeure de la poutre qui sur le dessous était totalement bouffée. 

La poutre qui s’enroule sur elle-même emporte dans un tourbillon infernal mes rêves de vols d’été, mes espoirs d’essais machine avant que les J.O. ne nous interdisent de prendre les airs.  La Remorque : Pas Check ! 

Les congés d’été arrivent, on part… on rentre…. C’est les J.O. On repart un peu, les paralympiques démarrent…. C’est écrit, même si je parviens à faire réparer la remorque, je n’aurai désormais pas le temps d’essayer la machine avant le départ pour Champrond. Pas grave. J’ai foi en mon oiseau. 

La lumière au bout du tunnel ?

A une semaine du départ, je trouve enfin mon sauveur, qui vient chercher la remorque sur un plateau. Est-ce à dire que je peux à nouveau espérer ? Mais en fait… je n’étais pas préparé a cette éventualité ! Je me remets au boulot sur le Paon ! On ne sait jamais, sur un malentendu ….

Le départ est calé au 10. Je récupère la remorque le 09 ! C’est chaud mais ça peut passer ! Avec mon fils, on remonte la structure de la remorque et on y range les ailes. Je bosse d’arrache pied sur l’appareil, je change une roue qui était complètement craquelée, je nettoie le circuit de refroidissement, j’installe un appuie tète, je travaille sur le circuit d’essence, etc etc….. 

on est le 10, jour du départ vers Champrond. Dans la matinée, je décide quand même dans un éclair de lucidité de contrôler le bon fonctionnement de toutes les parties mécaniques. Je veux manipuler la manette des gaz,…. Et là rien ne se passe. C’est grippé ! Pas grave ! Je desserre le câble d’accélérateur, je démonte sur le RORO 532 le cylindre où arrive le câble de la manette de gaz et d’où repartent les 2 câbles qui filent vers les carbus. Opération couronnée de succès ! Tout coulisse désormais parfaitement ! Il ne me reste plus qu’à remonter mon câble d’accélérateur comme il se doit et on pourra partir pour l’aventure !  

Désillusion !

Je retends le câble des gaz, je serre à la clé au niveau de la poignée pour être certain que rien ne puisse bouger et là…..c’est le drame ! Pris dans mon élan, je sers trop fort, détériorant de fait le câble qui s’effiloche au gré de mes tours de clé… 

Je constate les dégâts, c’est fini. L’aventure s’arrête là. Pas le temps de remplacer le câble pour être au départ de la course. Je suis vraiment déçu. j’en commande un neuf malgré tout, mais je sais déjà que je ne l’aurai pas avant jeudi, et jeudi, la course aura déjà pris le large.

Dépité, j’accuse le coup et remets en question jusqu’à ma présence sur cet événement que j’attendais depuis un an. Je me dis “A quoi bon”…. sauf que quand même, les copains sont là bas ! et puis, dans la foulée, les images commencent à arriver ! On voit des Pendulaires, un magnifique Weed de 1990, mais on y voit aussi un VL3 et un Sting Carbon !

Epilogue…

C’est décidé ! La Grande Course en Paon d’Or est morte, Vive la Grande Course en FK14 ! Car en fait, en y réfléchissant bien, on se fout totalement de la machine quand on s’engage sur une telle expérience. Tout ce qui compte, c’est l’envie, l’envie de partager de bons moments avec d’autres passionnés, l’envie de voler à leurs côtés, certes, en volets 2… et alors ? On s’est caillé ensemble, on a mangé ensemble, et surtout, on s’est vraiment bien marrés ensemble ! Les niveaux de pratique étaient très variés mais au final, chacun à trouvé sa place. Etre là, au présent, vivants, reconnaissants envers chacune et chacun d’avoir contribué à rendre cette aventure bien réelle, et bien sûr reconnaissants envers Christophe qui une fois de plus a su raviver la flamme de ce qui nous unit, dans un esprit de franche camaraderie que je n’avais pas ressenti depuis bien des années.

La passion couve, là, sous les cendres d’un pseudo modernisme qui voudrait nous faire croire que nous devons confronter nos façons de voler pour exister. Rien n’a changé au fond. Le sourire d’un pilote heureux sera toujours le même, quelle que soit sa monture. Pour ma part, en Paon d’Or ou en FK14, l’aventure s’est avérée magnifique et je garderai longtemps le souvenir précieux de cette Grande Course que je n’ai pas faite… mais que j’ai faite quand même !