RIBET REMET LES VOILES

Tout ira bien dans les premières heures, ce sera difficile mais vous y arriverez. C’est après que tout se jouera. Il faudra faire un choix crucial au moment où vous vous trouverez au fond d’une vallée : On l’appelle “ La Vallée souriante “. Là, vous apercevrez un lac de la couleur et de la forme d’une huître. Vous ne pourrez pas vous tromper. Les montagnes de part et d’autre de cette vallée seront trop hautes pour que votre avion puisse les franchir. Vous serez tentée d’aller vers la droite, là où vous découvrirez une ouverture. Surtout n’en faites rien. C’est à gauche, là où la montagne semble présenter un mur impénétrable qu’il faudra aller. En vous approchant des parois, vous finirez par trouver une brèche. C’est par là que vous sortirez des Andes…

Ces mots ont plus d’un siècle. Ils étaient adressés, de la part d’une voyante vagabonde, à Adrienne Bolland, la première a avoir eu les couilles d’y aller. Alors, je ne sais pas quelle est la part de réalité et de mythe dans cette histoire, mais ce qui est sûr, c’est que cela a donné, à ce 19 Mars 1921, un côté mystique et surnaturel qui aura pour conséquence de graver à jamais la première traversée en avion de la cordillère des Andes.

Nous nous apprêtons à vivre ensemble une expérience également hors du commun où plutôt hors du temps… Au moment où j’écris ces lignes, Hervé est bloqué à Mendoza, en Argentine. Il vient tout juste de reprendre son périple autour du monde et a déjà essuyé des galères administratives lui faisant louper son premier créneau météo. Il ne partira, à la conquête des Andes, que dimanche 27 Avril. Cela veut dire qu’a l’instant ou vous lirez cet article, cet épisode sera déjà derrière nous… Pas mal non ? Je suis, en quelque sorte,  la voyante vagabonde d’Hervé Ribet !

Pour vous rafraîchir la mémoire, Hervé a entamé, en octobre 2024, un tour du monde en ULM DOVA Skylark. Parti de France, il a descendu l’Europe et une partie du continent Africain avant de traverser l’océan Atlantique pendant près de 15 heures pour se retrouver le 3 novembre dernier au Brésil. Son périple s’est poursuivi jusqu’aux Terres de feu, à l’extrême sud du continent puis en remontant le long de la face Est de la Cordillère des Andes. Une multitude de facteurs ont eu raison du tracé initial et de la temporalité de cette aventure forçant Hervé, le 11 Décembre 2024, à mettre son rêve entre parenthèses et à revenir en France, par la voie des airs mais cette fois-ci en avion de ligne. 

Il faut, sans nul doute, du courage et du sang froid pour s’attaquer à un défi de cette ampleur. Mais, croyez-moi, il faut en redoubler pour y retourner. L’aventure, c’est avant tout s’adapter à l’imprévu, solutionner l’insoluble et se confronter à soi-même. Hervé s’adapte donc en modifiant complètement son parcours. Il prévoit maintenant de remonter l’Amérique du Sud, traverser les Etats-Unis et le Canada avant de pointer la batteuse du Skylark vers l’Est et de se confronter au Groenland pour retraverser l’Atlantique cette fois-ci dans l’hémisphère Nord afin de revenir à bon port. 

La date de son pot d’arrivée est, bien entendu, loin d’être fixée. Hervé n’a aucune info à nous apporter sur le temps qui lui sera nécessaire pour boucler son périple. Cette épopée durera quelques mois au gré des caprices de la météo et de ceux des différentes administrations qu’il croisera tout au long de son chemin. Pour le moment, même s’il n’a pas été facile de faire comprendre aux Argentins que l’on peut très bien arriver avec Air France à l’aéroport et repartir tout seul en ULM, le moral d’Hervé est bon et l’envie d’en découdre avec ces contrées exotiques est là. Alors, après avoir suivi les traces de l’Aéropostale l’hiver dernier, Ribet se glisse maintenant dans la peau de la déesse des Andes pour un Mendoza – Santiago du Chili qui apportera, à n’en pas douter, son lot d’imprévus et d’émotions. 

Hervé, en tant que “voyante vagabonde” officielle, la Gazette de l’ULM te souhaite le meilleur dans ce périple. Nous te suivons depuis le début et nous ne te lâcherons pas jusqu’à l’arrivée. Fais gaffe à cette vallée souriante et son lac qui se prend pour un coquillage. Traverse, remonte, reviens et surtout profite !