Ma quête des dernières années fut essentiellement tournée vers les déserts, concrétisée par la parution du livre Oasis, préfacé par Pierre Rabhi, aux éditions Plumes de Carotte.
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Laissez-moi vous relater quelques anecdotes lors de mes tribulations.
Mirage en Iran
L’avion se pose à Birjand, dans la province du Sud Khorasan qui jouxte l’Afghanistan.
C’est la porte du désert du Lut, un des coins les plus arides et les plus chauds de la planète. Deux équipes de télévision me suivent et m’interviewent devant le décor des monstrueuses rides longitudinales de l’erg. Deux jours plus tard, délesté de mes encombrants supporters mais surveillé à distance par un bataillon de l’armée Iranienne, j’explore le nord du Lut. La nuit tombe, un gros orage suivi d’une pluie diluvienne se fracasse sur la tente. C’est le comble dans ce désert hyper-aride abiotique où il peut ne pas pleuvoir pendant des années. Les sels minéraux remontent à la surface, le spectacle des jours suivants est totalement surréaliste avec des moirés dans les sables et des affleurements blancs de gypse dans les grès des Kalut. Une teinte hivernale dans un désert à la température de surface la plus élevée du globe selon la Nasa !
Altitude négative en Israël
Le survol de la Mer morte, l’objectif du voyage avec quelques amis des ailes d’Horus, était plus qu’incertain tant l’Israeli Air Force y est présente. Il y fait 32 °C en octobre et l’endroit est soumis à des vents puissants compte tenu de la géographie du lieu. Partagée entre Israël au sud, la Jordanie à l’est et la Cisjordanie au nord, dépression la plus basse sur terre avec une altitude négative de 430 m, la mer Morte est un lac hyper-salé contenant dix fois plus de sel que l’eau de mer.
Téléphonant sans cesse à l’Armée de l’air, nous obtenons un créneau de vol. Les conditions météo sont favorables. Une fois en l’air, désespérant de trouver les eaux rouges typiques des marais salants (cette couleur est absente, une algue verte ayant coloré tous les bassins d’évaporation), je traverse une mer verte jusqu’à la frontière jordanienne… où j’y découvre des concrétions salines fractaliennes ! J’appelle les pilotes qui me rejoignent pour quelques tours de 8 au-dessus des moirés de sel. Il n’y a aucun risque de se noyer en mer morte car tout y flotte !
Vertige des sables en Chine
Nous partons au Gobi chinois découvrir l’Alashan. Au cœur des plus hautes dunes au Monde (460 m), nichent une centaine de lacs, résurgences des eaux souterraines du plateau tibétain. C’est le désert qu’avait franchi Gengis Khan au XIIIème siècle, un désert offrant à boire aux conquérants.
Nous partons à pied, accompagnés d’une famille de mongols et leurs chameaux. Le paramoteur est en bonne place dans son sac de voyage, accroché sur le flanc d’un chameau. Hélas, le premier soir, je découvre au bivouac que la moitié du jerrican d’essence pour le paramoteur, s’est répandue sur un chameau, qui risque de se transformer en ‘camel ’ sans filtre à la première étincelle.
Vingt kilomètres de marche par jour à travers des dunes géantes par 35°C rendent l’exercice du paramoteur très aléatoire mais la chance sourit aux audacieux ; je décolle pour survoler le plus grandiose des ergs où les dunes géantes alternent avec les lacs.
Pêche au Désert libyque en Egypte
Siwa se situe à 800 km à l’ouest du Caire, à 300 km de la Méditerranée et 50 km de la Libye.
En 331 av JC, partant de la côte, Alexandre le Grand relia Siwa en huit jours pour consulter l’Oracle.
Il faillit mourir de soif avec son armée, et ne dut son salut qu’à une pluie miraculeuse et abondante. L’oracle lui confirma ses prétentions divines; Alexandre fut alors vénéré comme Dieu et Pharaon.
Les dunes du Désert libyque, la Grande mer de sable, viennent mourir sur la dépression de Siwa, le plus grand ensemble lacustre du Sahara.
La proximité de la Libye, la situation géopolitique, le contrôle absolu de la frontière font que le défi d’y voler s’avère difficile. J’obtiens l’accord de la police, qui le transmet aux militaires, …
Le temps m’étant compté, je m’écarte du centre vers les premières dunes, pour prendre mon envol. Prêt à décoller… mais deux fellahs arrivent sur un tricycle et nous incitent à monter dans leur barque cachée à quelques mètres, sous les roseaux… Le soleil va bientôt se coucher, je m’élance devant les deux compères stupéfaits ! Le matin à l’aube, j’y retourne voler. A peine atterri, voilà les deux pêcheurs qui nous embarquent pour récupérer les poissons pris dans les filets posés la veille.
Objectif Dune en Algérie
Nous arrivons à Deb Deb à la frontière libyenne, les Ghourds du Grand erg oriental, objectif du voyage, sont proches. Hélas, notre arrivée médiatisée ne nous permet pas d’y accéder malgré tous nos contacts locaux. Le trafic incessant avec la Libye, le terrorisme résiduel, la présence militaire très importante sont autant d’obstacles au projet.
Nous serons pistés pendant plus de 1000 km de Illizi jusqu’à El Menea. Ma sécurité étant un enjeu national !
Le lendemain à l’aube, nous voilà partis sur la nationale qui traverse l’erg oriental pour rejoindre Hassi Messaoud. Cette route traverse des champs de dunes extraordinaires, tels des neurones disposées selon un canevas géant, une dune tous les deux kilomètres, des hautes dunes, des dunes en étoile, des dunes plus ramassées…
Premier barrage de la gendarmerie ; «contrôle, papiers, …, un de mes collègues doit se rendre à Ouargla pour un examen médical, pouvez-vous l’y emmener ? ». Il est difficile de refuser, nous voilà partis pour 600 km … la conversation s’engage entre Mohamed et le gendarme… « mon ami Francis s’intéresse aux dunes de la région et envisage de les survoler … ». Alors faites ça de suite, répond le jeune homme car les zones suivantes sont truffées de bases militaires, ceux-ci ayant ordre de tirer à vue…, la zone restant sensible.
Nous nous arrêtons à quelques mètres de la route qui est ici une piste, je m’envole devant le gendarme stupéfait… très content de partager son aventure du jour !
Aléa mortel au Kenya
Sur le rift est-africain, un chapelet de lacs et de volcans montre l’intense activité de la croûte terrestre. La faille tectonique qui court du Liban jusqu’au Mozambique, en passant par la mer Rouge, scinde la Corne de l’Afrique. Quatre pays – Somalie, Éthiopie, Kenya et Tanzanie – se sépareront de l’Afrique pour former un nouveau continent dans quelques millions d’années.
Le lac Magadi, alcalin hypersalin, tient toutes ses promesses avec une palette de couleurs rouge et rose. Une usine Tata sur la rive Est du lac produit du carbonate de soude en exploitant le natron. Après mon vol du matin, nous explorons les environs avec un guide Masaï… « Si un chauffeur d’engin bascule dans le lac, il est dissous par la saumure de soude et n’y survit pas …. » Mon moteur 2 temps ayant un fonctionnement très aléatoire, je réalise le risque que j’ai pris.
Le lendemain matin, je récidive en restant proche des rives, puis je survole des ouvriers qui ratissent le sel dans un ballet de couleurs. Ma femme et la police m’accueillent à l’atterrissage ! On nous emmène chez Tata où je suis accusé d’espionnage industriel. Mes images attesteront de mon innocence !
Pirates des Philippines ( avril 2024 )
Il fallait le faire, survoler un archipel constitué de 7000 îles recouvertes d’une végétation tropicale. Le seul salut pour un paramoteur reste le vol au-dessus de la mer… Il vaut mieux disposer dans ce cas d’un matériel fiable et d’un gilet de sauvetage en cas d’éventuel amerrissage. Bateaux, camions, vans, avions, tuk-tuk, furent les différents moyens de transport des paramoteurs. Deux semaines furent nécessaires pour survoler quelques littoraux des îles de Bohol, Coron et Palawan.
Sains et saufs, nous nous retrouvons à l’aéroport de Cebu, seconde ville du pays, pour repartir en France par Cathay Pacific. Suite à une série d’épisodes inopportuns à l’enregistrement des bagages, Cathay, en contact téléphonique avec Hong Kong, décide de ne pas embarquer les cinq paramoteurs aux relents d’essence… Quatre semaines me seront nécessaires pour ramener le matériel : trouver un homme de confiance sur place, récupérer les 5 valises auprès de la compagnie aérienne, négocier avec DHL, répondre à d’innombrables questions avant et après le scan des bagages, ôter les gilets de sauvetage ( Dangerous ), fournir un document officiel attestant que les moteurs ( Dangerous ) furent nettoyés et purgés par un professionnel, suivre les cinq valises qui transitèrent par Hong Kong, Midlands UK, Leipzig DEU, CDG, Orly, …
