De quel droit écrire en imaginant que ce que l’on a à dire puisse avoir un quelconque intérêt pour autrui ?
Comment oser penser que l’on puisse se passer des canaux de communication ayant aujourd’hui pignon sur rue, certains pensant faire la pluie et le beau temps sur la discipline, nous disant fort et clair ce que nous devons aimer ou détester, avec ou sans ailes rigides ? Rapide ou lent ? Manche, trapèze ou suspentes, démontant à tour de bras tout ce qui ne passerait pas à la moulinette de leur bénédiction et virant manu militari de leurs sites toute personne qui oserait proposer une ouverture sur le vaste Monde ou contester l’autorité auto-proclamée de quelques uns…?
La réponse à cette question fondamentale est… comme ça !
Depuis des années, le Récit que l’on nous fait de l’ULM s’éloigne gentiment mais sûrement de la philosophie qui l’accompagnait à l’origine et qui consistait à donner au plus grand nombre, vous, moi, monsieur et madame tout le monde, la possibilité de voler, sans fioriture, sans gloire et sans égo, grâce à des machines abordables et faciles à manipuler.
Je ne fustigerai personne car ce serait trop facile de compter les points aujourd’hui alors que cela fait des années que je m’étais éloigné de la discipline par la force des choses et de la vie.
En revanche, fort du constat que je dresse aujourd’hui à mon retour, je m’aperçois avec stupeur que :
- nous sommes aujourd’hui obligés de créer des journées dédiées aux Femmes pilotes, faute de quoi elles seraient vraisemblablement déconsidérées alors qu’elles étaient avant une composante à part entière et respectée de notre sport.
- Le public néophyte ne sait plus ce qu’est un ULM, se montrant aussi surpris qu’en 1982 de voir un pendulaire ou un 3 axes ouvert aux quatre vents.
- Quand un ULM se pose dans un pré pour permettre à son pilote de se dégourdir les jambes (vous m’aurez compris…), les infos nous annoncent immédiatement un atterrissage d’urgence d’une « machine équipée d’un moteur de tondeuse à gazon »…
- La visibilité médiatique se concentre fortement sur tout ce qui alimente l’idée que «pour voler, ‘Faut raquer! », presque toutes classes confondues. Ce regard est tellement décalé de ce qui compose la réalité du paysage ULM que vous connaissez localement que plus personne ne s’y retrouve…
Au final, on avance mais en ordre dispersé et sans colonne vertébrale.
Alors on fait quoi ? On chamboule tout ? On remplace tout le monde ? On se résigne et on se dit que tout est joué d’avance ?
Je ne sais pas pour vous mais de mon côté, j’ai décidé de vivre l’ULM de la façon dont je l’ai toujours rêvée et j’ai trouvé des gens qui partagent cette ambition, et des gens comme nous…. Il y en a tellement que ça donne un peu le tournis !!!!
Peu importe la machine tant qu’on a le vol ! Savourer le confort d’un FK14 B2 ne m’empêche pas de prendre un plaisir immense aux commandes des machines anciennes du patrimoine familial.
Parcourir le ciel pour traverser la France à 220km/h dans un baquet ou faire juste les quinze kilomètres qui séparent Persan de la base ULM de Mouy, suspendu à 1300 pieds à 40km/h, c’est du pareil au même et cela se respecte de la même façon ! l’émotion est tout aussi intense dans chacun des cas et procure un sentiment de liberté qui ne peut prendre corps que lorsque l’on voit s’éloigner la piste derrière soi alors que l’on sait que la prochaine fois qu’on touchera le sol, ce sera ailleurs, n’importe où mais ailleurs.
Croyez-le ou non mais l’ULM d’aujourd’hui n’a jamais été aussi proche de l’ULM de 1980. Tout est à faire, ou à refaire ! Nous voyons ré-émerger un engouement pour des machines plus simples, plus abordables financièrement et techniquement. Il suffit de jeter un oeil du côté du Truelite ou du Pixel pour ne citer que ces machines.
A cet engouement il faut ajouter la chance que nous avons de vivre une époque où les matériaux modernes nous offrent des perspectives fabuleuses en matière de vol « ultra-léger » fiable, sans parler des possibilités offertes par les motorisations électriques ou hydrogène.
Alors oui, finalement, je crois avoir le droit de dire à quel point l’ULM et tout ce qu’il représente coule dans mes veines depuis l’enfance, dire que bien entendu, comme vous, j’ai une part d’inquiétude lorsque je vois ce qui se passe dans les coulisses de notre passion commune, mais j’ai surtout le droit et le devoir de m’engager pour tordre un peu un destin pas si inéluctable et défendre une certaine idée de la pratique de l’ULM, une pratique qui cultive la protection de son patrimoine historique, qui crée des ponts entre les pilotes, le public et le ciel, qui promeut la complémentarité des classes plutôt que de les opposer, qui comprend et encourage chacune et chacun à voler à sa façon, sous une toile, en mode carbone, delta ou dans le tourbillon d’un rotor, qui replace au coeur de son développement la construction amateur et les trésors d’innovations qu’elle apporte avec elle et valorise vraiment ceux et celles qui, avec de l’or dans les mains, réalisent des merveilles et mettent toute leur énergie à tenter de motiver de nouvelles vocations.
Nous devons retisser des liens, largement distendus ces derniers temps, avec nos jeunes, avec les établissements scolaires, avec nos régions qui n’ont pas suffisamment de visibilité et doivent revenir au centre de l’échiquier, ramener les familles sur les terrains, partager nos vols avec le plus grand nombre pour retrouver grâce aux yeux d’un public qui ne demande qu’à lever les yeux vers le ciel en se disant qu’un jour, peut-être pas si lointain, ce sera leur tour d’aller tutoyer les nuages.
Et vous dans tout ça ? c’est quoi votre idée de l’ULM ? Rejoignez-nous et faites nous partager ce qui fait votre attirance pour ce sport unique, que vous soyez pilote, spectateur désireux d’apprendre ou simplement curieux de cet univers.