A propos de L'auteur

Jazz fait son cinéma

On s’était donné rendez vous au « Dernier Métro” à Paris, avenue de Grenelle à Paris.

Jason, que ses amis appellent Jazz, est un pilote spécialisé en prise de vue aérienne en ULM pendulaire.
Il a pris le temps de partager avec moi, autour d’un café, le récit captivant de son parcours professionnel.
Avant tout Jazz, c’est un mec du cinéma. Il a fait ses études au Conservatoire du Cinéma Français, ou il a appris la mise en scène et le langage cinématographique
En parallèle, il passe son brevet de pilote pendulaire en 2005, à Meaux avec Serge Bouchet.
Sa première machine sera un Polaris Motor 582 avec lequel il n’hésite pas à se lancer dans de véritables aventures aériennes.
« Je suis allé en Corse et j’ai fait toute l’Italie avec cette machine et son moteur 2 temps. Je ne suis pas sûr que j’oserais le refaire aujourd’hui »

C’est cependant en découvrant une autre machine: le Skypper 912 de chez Air Création et sa Bionix 13, que lui vint une idée.
« Et si on fixait une tête gyrostabilisée sur l’appareil pour faire des prises de vues professionnelles? »

Tout est question de timing, les technologies sont en perpétuelles évolutions, les caméras numériques sont de plus en plus performantes, tout en devenant de plus en plus légères est compactes. Ce qui était impensable il y quelques années semble tout à coup réalisable.
Côté machine c’est la même chose. Jazz est bluffé par le domaine de vol du Skypper. Rien à voir avec ce qui se faisait avant.
La collaboration technique avec Air Création jouera un rôle clé dans la transformation du pendulaire de Jason en un outil professionnel sophistiqué, avec un contrôle à distance de la caméra.
Avant de se lancer, il faudra passer une DNC prise de vue aérienne, un stage facteur humain et une aptitude au vol rasant.
Et puis le dépôt d’un manuel d’activité particuliere à la DGAC.
Aux côtés de son cadreur Christophe Potier, Jason fait ses armes et accumule plus de 800 heures de vol, contribuant de manière significative à des projets télévisuels notables tels que “Des Racines et des Ailes” et “Le Plus Beau Pays du Monde…»
Ensuite, vient sa première expérience sur le long métrage “Donne-moi des Ailes », de Nicolas Vanier, une expérience en demi teinte.

« J’ai décidé de quitter le film après quelques semaines pour des raisons de sécurité. La production faisait le forcing pour que je prenne des risques importants. Aucun film ne peut justifier qu’on mette en danger la vie de quelqu’un ».
C’est un apprentissage pour Jazz. Apprendre à poser des limites, expliquer les enjeux à des personnes passionnées mais parfois totalement inconscientes des risques engagés.
Il y a une une éthique, un code de conduite. Jason respecte toujours la réglementation aérienne. Il en va de la pérennité de son activité.
Il reconnait cependant qu’il y a souvent de l’engagement.
« Je dois souvent accepter de voler en absence totale du cône de sécurité »
C’est le cas quand il filme les IMOCA du Vendée Globe au large des côtes vendéennes.
Il maintient une approche professionnelle, conciliant les exigences créatives avec le respect des normes aéronautiques strictes.
Au-delà de la technique, Jason défend avec passion les avantages écologiques de l’ULM pendulaire.
«  Habituellement, dans l’industrie cinématographique, ce genre de prises de vues aériennes se fait avec des hélicoptères Ecureuil, qui consomme 180l de Jet à l’heure. Mon Skypper consomme 13 l/h de super sans plombs. »

Sa machine, plus respectueuse de l’environnement et plus économique, représente une alternative durable aux méthodes traditionnelles de prise de vue aérienne.
Le partenariat fructueux avec Air Création a ouvert la voie à des projets très ambitieux.
Le dernier en date est une production indépendante, “The Fall”
Ce film qu’il a produit avec sa société « No Gravity Film » a été un véritable tournant, démontrant non seulement sa maîtrise de la technique, mais également sa capacité à mener des projets d’envergure.
« Avec l’arrivée de la Bionix 2, et une mise au point spécifique de l’aile pour cette configuration, j’arrivais sans problème à voler à la même vitesse, même finesse, même taux de chute que les wingsuit… »
S’en suivent des images exceptionnelles et inédites de ces hommes “chauves-souris”, filmées depuis un ULM volant en formation.

“The Fall ” No Gravity Films

Sans aucun doute, à travers ce film, il repousse les limites et ouvre la voie de nouvelles générations de cinéastes et de pilotes désireux de raconter des histoires à travers des prises de vues aériennes uniques.

Le succès de « The Fall », (La Chute) a valu à Jason et à No Gravity Film une reconnaissance publique.
Le film a été présenté lors de salons techniques, tels que le salon Aero de Friedrichaffen et le Micro Salon de l’AFC, soulignant l’innovation et la qualité des prises de vue en ULM pendulaire.

« En Juillet 2022, j’ai reçu un coup de fil de l’actrice et réalisatrice Mélanie Laurent . Elle souhaitait intégrer des séquences aériennes complexes dans son projet de film pour Netflix. »
Le film « Voleuses » a représenté un gros challenge que Jason a relevé avec brio, en conciliant les impératifs d’un film de comédie avec des prouesses techniques aériennes.

La passion de Jason pour le pendulaire va au-delà de sa propre carrière. Convaincu du potentiel inexploité de ce type d’appareil, il aspire à stimuler l’intérêt pour ces aéronefs. Son désir de partager cette passion avec un public plus large est un moteur puissant derrière ses efforts constants pour repousser les limites,

« Chaque matin quand je pars en tournage, il y a toujours un sentiment mêlé d’appréhension et d’excitation, mais au final c’est toujours une grande satisfaction quand on arrive à ramener des plans incroyables. C’est très gratifiant de réussir à retranscrire en images les émotions que procurent le vol. »

Cette quête quotidienne de satisfaction à travers la création de plans saisissants motive son engagement.
A travers ses innovations et son regard porté sur le monde qui l’entoure, Jazz incarne parfaitement l’esprit pionnier…