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Voler de ses propres ailes

Chouette, j’ai mon brevet !

Dans la vie de tout pilote, qu’il soit aux commandes d’un avion, d’un ULM ou d’une autre machine de rêve, plusieurs moments clés marquent son parcours, comme le lâcher solo, une expérience unique à laquelle on ne s’attend généralement pas.

Ce jour-là, comme d’habitude, je partais avec Julien, mon instructeur, pour quelques tours de piste et des exercices, tels que la simulation de panne moteur.

Au départ, il m’annonce que nous ferons trois tours de piste pour commencer, et que nous verrons pour la suite. Nous partons donc pour trois tours dans une ambiance que je qualifierais, après coup, d’étrange et bizarre. Je suis concentré, tout comme lui, et nous échangeons peu de mots. Il n’intervient pas non plus dans mon pilotage.

Après mon dernier atterrissage, il me fait revenir au parking, sort une radio portable de sa veste et m’annonce que je vais repartir seul. Il me donne ses derniers conseils, et c’est l’heure de repartir cette fois seul. C’est MON MOMENT, c’est l’instant !

Je garde un excellent souvenir de ce moment, tout comme l’ensemble des pilotes que j’ai pu côtoyer jusqu’à présent. Affirmer le contraire serait un vrai mensonge !

Les deux autres moments-clés sont bien évidemment la réussite de l’examen théorique et l’obtention du brevet, tout naturellement.

Suis-je apte à voler seul ?

Avoir le brevet est une réalisation gratifiante, mais à présent, quelles sont les prochaines étapes ? Suis-je réellement prêt à voler en solo ?

Il existe en effet une différence notable entre effectuer des tours de piste avec son instructeur, relié par radio en bas, et s’éloigner progressivement du circuit en volant seul.

Des questions anxiogènes envahissent ma pensée : ai-je correctement planifié ma navigation ? Mon moteur tiendra-t-il le coup ? Est-ce que je saurai gérer une éventuelle panne sans assistance ? L’appréhension face à l’inconnu me pèse, mais c’est aussi le défi qui va sculpter mon expérience de pilote.

Comment gérer la peur ?

J’ai eu la chance de bénéficier de séances de coaching professionnel il y a quelque temps, et les conseils que j’ai reçus restent gravés dans ma mémoire.

1 – Éviter les comparaisons

Il est facile de succomber à la peur en se comparant aux autres. Souvent, nous avons tendance à surestimer le niveau des autres, ce qui accroît notre manque de confiance en nous.

2 – Se concentrer sur les compétences

Si mon instructeur m’a délivré mon brevet, c’est parce que je sais voler. Même si je n’ai pas encore acquis tous les réflexes et l’expérience, je suis capable de décoller et atterrir sans endommager l’aéronef.

La pyramide de Dilts, illustrée ci-dessous, met en lumière le fait que notre croyance en nos capacités influence notre accès réel à celles-ci. Nous avons les compétences, attestées par notre brevet, qui reflète notre réussite aux épreuves théoriques et aux lâchers solos. Toutefois, il est crucial de se rappeler que nos peurs et nos croyances limitatives peuvent entraver l’exploitation totale de nos compétences.

3 – Assurer une bonne préparation de l’aéronef

Effectuer une inspection pré-vol exhaustive en vérifiant le niveau d’huile, le carburant (niveau et purge), et examiner l’ensemble de la machine.

4 – Préparer soigneusement la navigation

Planifier le vol avec précision en établissant un itinéraire sur une carte, et en utilisant un logo de navigation avec des calculs corrects.

Personnellement, je considère que savoir calculer avec précision la dérive en fonction des conditions météorologiques du jour est une pratique très bénéfique, et le faire régulièrement l’est tout autant. La phrase suivante devrait résonner avec vous, j’en suis certain :

“RETRANCHEZ VOTRE DERIVE, CELA VOUS DONNE MIEUX CHAQUE MESURE DU CAP COMPAS !”

Rv X Cv Dm Cm d Cc

Il s’agit d’un moyen mnémotechnique permettant de retenir les formules de calcul de la route vraie à partir du cap compas, en passant par la déviation, le cap magnétique, la déclinaison magnétique, le cap vrai et la dérive.

Cependant, sachant que l’erreur est humaine, utiliser une application comme SkyDemon pour préparer son blog de navigation est également une excellente option, assurant des calculs précis.

5 – Opter pour les deux solutions

En tant qu’informaticien, je suis le premier à souligner qu’il ne faut pas trop dépendre du matériel informatique. C’est pourquoi j’utilise un journal de vol imprimé, une montre et un stylo en vol, en complément de ma tablette avec SkyDemon et de mon smartphone exécutant la même application (qui permet deux connexions simultanées).

Au final

Au final, j’essaie de tirer le meilleur parti de mon vol en solo. Ce soir, après mon retour de vol, j’ai ressenti le besoin d’écrire ces quelques lignes. Aujourd’hui, j’ai enfin osé partir seul pour un simple tour de piste. Peut-être aurais-je pu aller un peu plus loin, faire un tour de piste supplémentaire ou deux, mais voler seul n’est pas aussi simple pour les raisons évoquées précédemment. Quoi qu’il en soit, c’est la partie la plus difficile de ma formation, une étape incontournable pour tous les pilotes qui ont un jour débuté, tout comme moi aujourd’hui. Tous m’ont dit que c’était normal, que c’était un cap à passer, et que cela viendrait au fil des vols.

En tout cas, notre objectif demeure bien réel : voler de nos propres ailes !