Ultra Léger Motorisé… Trois mots qui collent à la peau de tous ceux qui le pratiquent. Nous pourrions débattre des heures pour savoir ce qu’ils représentent exactement mais, croyez-moi, nous n’arriverions surement jamais à nous mettre d’accord. Pour certains, pragmatiques, c’était, c’est et cela restera un objet à moteur. Pour d’autres, plus rêveurs, un état d’esprit ou une ouverture sur le monde. Nous pourrions ajouter à tout ça une dose de purisme, un grain d’aventure, une pincée de conservatisme et saupoudrer le tout de sportifs accomplis… Bref, sûrement autant de définitions qu’il y a de pratiquants et c’est probablement très bien ainsi. Soyons en fiers, la pluralité de notre discipline en crée le sel et l’intérêt !
La liberté des uns s’arrête là ou celle des autres commence…
Il demeure cependant une ombre au tableau. Une activité comme la nôtre est envahissante. Nous ne pouvons pas le nier et faire la politique de l’autruche sur ce sujet aurait des conséquences désastreuses. Tout d’abord, c’est une activité motorisée. Elle génère du bruit et de la pollution. Ce sont deux boulets que nous devons nous traîner aux pieds quotidiennement. Deuxièmement, nous avons besoin d’infrastructures, d’aérodromes. Des surfaces, très étendues, qui seraient sans aucun doute utiles à d’autres acteurs locaux. Et enfin, nous sommes le petit dernier d’une grande famille, celle de l’aviation, à qui l’on a accordé, de façon tout à fait légitime, plus de liberté et moins de contraintes qu’aux autres. Vu de loin et par méconnaissance de l’activité, nous pourrions rapidement passer pour les effrontés de la famille…
J’ai bien conscience, et je vous fais confiance pour cela, qu’il y a des dizaines de contre-arguments à opposer à ce constat. Cependant, la conséquence reste néanmoins que notre liberté de jouir de cette activité ne résulte en réalité que de combats, ou de façon plus mesurée, disons de négociations perpétuelles que nous pourrions accommoder avec les différents acteurs . Et comme toute négociation, la victoire ne dépendra uniquement que de la stratégie mise en place…
Soyons stratèges.
Pour pouvoir se défendre il faut avoir conscience de deux choses. Qui sommes-nous ? et qui sont nos alliés ? Ces deux questions ont une importance fondamentale.
Qui sommes-nous : Nous sommes… peu nombreux. C’est notre trait de caractère le plus marqué. Vous en doutez ? Pour faciliter un peu la démonstration, nous allons arrondir notre taille à 15 000 licenciés. Cela nous situe au 90ème rang sur les 120 fédérations sportives françaises, coincé entre le billard et la spéléologie… (grosses références !). Nous sommes 5 fois plus petits que les fédérations d’échecs ou de tir à l’arc. Je n’ose même pas vous exposer la comparaison avec des activités comme le football ou le rugby…
Qui sont nos alliés : Là encore, la liste ne va pas être longue… Mais ne voyons pas tout en noir. Grâce à nos amis paramotoristes, nous faisons partie du clan sélect des fédérations sportives de haut niveau. Ce point nous permet d’avoir une reconnaissance auprès d’une autorité de tutelle qui est celle du ministère des sports et de la jeunesse. C’est une très bonne chose. Nous avons la particularité de dépendre également d’un deuxième ministère qui est celui des transports et de la mobilité. De ce fait, nous avons notre place auprès des autres fédérations aéronautiques à la table de l’autorité (DGAC). Petite place, d’accord, mais place quand même…
C’est déjà un exploit d’avoir réussi à créer une fédération pour l’ULM. De façon honnête et objective, il n’y a que très peu de points communs entre un paramoteur et un ULM-S (faisons comme si ce mot était entré dans notre jargon courant…) très peu de similitude entre un hélico classe 6 et un aérostat motorisé… et pourtant, aujourd’hui nous arrivons à cohabiter et à être fédérés sous la même bannière. Sans cette casquette commune et cette taille critique, nous ne serions probablement même pas légitimes à l’existence !
Maintenant que ces deux points sont éclaircis, vous comprendrez aisément que le combat est de taille et que nous ne sommes pas forcément très bien armés pour le mener. Alors imaginez les conséquences d’une division dans nos rangs.
Diviser pour moins régner…
Nous avons appris, il y a peu, que des initiatives isolées de nouvelles fédérations se mettaient en place. Je suis intimement convaincu que ces projets sont pleins de bon sens. Que le poids des concessions est de plus en plus dur à porter pour certains et que ces nouveaux courants sont conduits par l’envie de mieux faire. Je ne jugerai en aucun cas le fond du sujet et je suis même persuadé qu’ils réussiront à se construire de façon respectable.
Une question se pose néanmoins. Si notre petite fédération se divise, elle finira fatalement par peser moins lourd dans les débats, c’est mathématique. De plus, si ces nouvelles alliances obtiennent leurs agréments (qui n’est en réalité qu’un cahier des charges à respecter) la FFPLUM devra obligatoirement partager sa petite place à la grande table. La création d’association de ce type n’est motivée que par l’envie d’opposer et d’imposer de nouvelles idées. Cette situation ne pourra donc malheureusement que conduire à la cacophonie.
Bien entendu, je ne souhaite pas me cacher derrière mon petit doigt. J’ai tendance, comme bon nombre, à avoir la critique facile, sur telle ou telle action fédérale, sur telle ou telle position ou décision émanant de cette instance. Pourquoi ? Et bien simplement parce que je ne me reconnais pas dans tout cela. Je rêve d’une fédération plus proche de mes valeurs. La bien pensance, la sécurité à outrance, le principe de précaution à toute épreuve m’ennuient profondément. Je rêve d’aventure, de passion, de liberté d’actes et de pensées. Je rêve de fun et de modernité.
Alors oui, je râle et je boude mais je garde en tête cette notion de pluralité. Je garde à l’esprit que fédérer c’est avant tout faire des concessions à l’autre pour que tout le monde puisse exister. Il en va finalement de notre survie et de notre légitimité.
Ne soyons pas les enfants qui se chamaillent à la table des grandes personnes. Ne soyons pas ces garnements empêchant les adultes de parler de sujets sérieux. Lavons notre linge sale en famille et parlons d’une seule voix. Vous avez envie de faire bouger les lignes ? Des élections pour renouveler le bureau de la fédération sont en cours, ceci doit rester le seul chemin légitime possible.
Restons nous-même, mais restons unis !